PETER PAN (2003)

Pour célébrer les cent ans de la pièce de James Barrie, P.J. Hogan offre au célèbre conte une adaptation somptueuse…

PETER PAN

 

2003 – USA

 

Réalisé par P. J. Hogan

 

Avec Jason Isaacs, Jeremy Sumpter, Rachel Hurd-Wood, Lynn  Redgrave, Richard Briers, Olivia Williams, Geoffrey Palmer

 

THEMA CONTES

Steven Spielberg, pourtant toujours prompt à raviver avec talent la flamme de la magie enfantine, s’était tant égaré dans son Hook de sinistre mémoire qu’on n’espérait plus rien d’une version « live » des aventures de Peter Pan. Or la surprise vint justement d’un cinéaste qu’on n’imaginait pas dans un tel registre, l’Australien P.J. Hogan jusqu’alors spécialisé dans les comédies trentenaires comme Muriel ou Le Mariage de mon meilleur ami. Dodi Al-Fayed, à qui le film est dédié, convoitait ce projet depuis plusieurs années, avant même que Hook ne se concrétise. Suite à son décès, c’est son père Mohamed Al-Fayed qui reprit les rênes du projet, ce Peter Pan s’inscrivant dans une commémoration centenaire de la pièce de J.M. Barrie, au même titre que le Neverland de Marc Foster, qui s’attache pour sa part à romancer la vie de l’auteur.

Wendy Darling (Rachel Hurd-Wood) et ses deux frères John et Michael (Harry Newell et Freddie Popplewell) passent une grande partie de leur temps libre à s’inventer des histoires de pirates et à les jouer, ce qui n’est pas du goût de la revêche tante Millicent (Lynn Redgrave). Un soir, leurs jeux attirent Peter Pan (Jeremy Sumpter), un garçon volant tout droit venu du Pays Imaginaire. Wendy l’aide à récupérer son ombre rebelle, et grâce à un peu de poussière magique, tous quittent la maison en volant au-dessus des toits de Londres. Parvenus au Pays Imaginaire, ils rencontrent les Garçons Perdus, la petite Indienne Lili la Tigresse, de redoutables sirènes, et l’ennemi juré de Peter Pan : l’infâme capitaine Crochet.

Les deux visages de Jason Isaacs

Les deux univers antithétiques décrits dans Peter Pan – l’Angleterre rigide et victorienne d’un côté, le Pays Imaginaire de l’autre – sont mis en scène avec le même panache par un metteur en scène visiblement très inspiré. La direction artistique, les effets spéciaux et le casting sont d’indéniables réussites. En ce dernier domaine, outre les enfants débordant de justesse et de charisme, on apprécie tout particulièrement l’interprétation de Jason Isaacs dans le double rôle du timoré Mr Darling et de l’exubérant capitaine Crochet. Cette idée, qui semble empruntée au Magicien d’Oz, aurait cependant eu plus de cohérence si tous les personnages du « monde réel » trouvaient leur correspondance dans le Pays Imaginaire. Limiter ce dédoublement au père des jeunes héros et au redoutable pirate manchot réduit du coup l’impact de ce choix artistique, et induit même en filigrane un sous-texte psychanalytique freudien résolument étranger à l’univers de Barrie. Comment interpréter autrement ce personnage gémellaire qui incarne dans un univers le père aimant de la jeune Wendy et dans l’autre un « Grand Méchant Loup » n’hésitant pas à la séduire pour attirer Peter Pan dans ses filets ? Le film ose ainsi dépasser le cadre du texte initial à bien des égards, s’offrant de savoureuses satires de la haute bourgeoisie londonienne et quelques sous-entendus érotiques liés à la relation Peter/Wendy/Clochette. Cette dernière, incarnée par Ludivine Sagnier, s’avère d’ailleurs mille fois plus pertinente que l’embarrassante Julia Roberts d’un Hook définitivement à côté de la plaque.

 

© Gilles Penso

 

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