DERANGED (1974)

Un film d’horreur perturbant qui retrace le plus fidèlement possible les sinistres exploits du tueur en série psychopathe Ed Gein

DERANGED

 

1974 – USA

 

Réalisé par Jeff Gillen et Alan Ormsby

 

Avec Robert Blossoms, Cosette Lee, Leslie Carlson, Robert Warner, Marcia Diamond, Brian Smeagle, Arlene Gillen

 

THEMA TUEURS

Deranged évoque beaucoup Psychose et Massacre à la tronçonneuse, mais ce n’est pas un hasard. Les trois films s’inspirent en effet du même tueur en série, le sinistre Ed Gein qui sévissait dans le Wisconsin dans les années cinquante. Mais là où Alfred Hitchcock et Tobe Hooper s’octroyaient toute licence artistique, Jeff Gillen et Alan Ormsby décident de coller au plus près aux faits tels qu’ils furent relatés par la presse. Un carton pré-générique nous annonce ainsi que tout ce que le film relate est la stricte vérité, à l’exception des noms et des lieux qui ont volontairement été modifiés. Tenant là le rôle le plus marquant de toute sa carrière, Robert Blossoms nous livre une performance hallucinante dans le rôle d’Ezra Cobb, un grand gaillard de la campagne élevé dans la crainte du péché et la méfiance de la gent féminine par une mère malade et ultra-possessive. « Le salaire du péché est la syphilis, la gonorrhée et la mort » lui assène-t-elle quotidiennement en grimaçant dans le lit qu’elle ne quitte plus. Forcément, on ne ressort pas indemne d’une telle éducation.  Le jour où la moribonde passe de vie à trépas, l’esprit d’Ezra refuse tout bonnement d’intégrer ce décès impensable. Un an après sa mort, guidé par une voix intérieure, il déterre le cadavre de sa génitrice, le ramène chez lui, l’embaume et se comporte comme si elle était toujours vivante. Le Norman Bates d’Hitchcock n’est donc pas loin.

Mais Ezra ne s’en tient pas là, exhumant d’autres cadavres pour qu’ils tiennent compagnie à sa mère, fabriquant même des objets, des vêtements et des instruments de musique à partir de morceaux de leurs corps (notamment un tambour en peau sur lequel il tape joyeusement avec un gros tibia !). Le basculement dans la folie meurtrière s’opère peu de temps après, lorsqu’il rend visite à Maureen Shelby (Marion Waldman), une ventripotente amie de sa défunte mère. Dès que cette femme délaissée se jette langoureusement dans ses bras, il l’occis sans état d’âme puis ramène sa dépouille à domicile. Mué désormais en prédateur, Ezra part en quête de jeunes femmes qu’il attire chez lui pour les séquestrer, les assassiner et les embaumer à leur tour.

Le complexe d’Œdipe

La mise en scène brute et le jeu naturaliste des comédiens amplifient l’atmosphère malsaine que cultive volontiers cette terrifiante illustration du complexe d’Œdipe. Scénariste et co-réalisateur, Alan Ormsby est également responsable des nombreux effets spéciaux de maquillage qui ponctuent le film, aux côtés du jeune Tom Savini. Les deux artistes, qui avaient déjà signé les faciès décomposés du Mort-vivant de Bob Clark, conçoivent ici des visions de pur cauchemar. Mais leur travail le plus impressionnant fut hélas coupé au montage pour cause de censure. On y voyait Robert Blossoms évider en temps réel une tête humaine avec minutie et délectation. Le seul véritable bémol de Deranged est lié au personnage du journaliste qui raconte quelques parties du récit en voix off et apparaît régulièrement dans le champ de la caméra, s’adressant au spectateur à la manière de Rod Serling dans La Quatrième dimension. Cette idée, développée de toute évidence pour renforcer l’aspect « fait divers » du film, manque singulièrement de finesse et s’apparente surtout à un artifice narratif superflu.

 

© Gilles Penso

 

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