Deranged évoque beaucoup Psychose et Massacre à la tronçonneuse, mais ce n’est pas un hasard. Les trois films s’inspirent en effet du même tueur en série, le sinistre Ed Gein qui sévissait dans le Wisconsin dans les années cinquante. Mais là où Alfred Hitchcock et Tobe Hooper s’octroyaient toute licence artistique, Jeff Gillen et Alan Ormsby décident de coller au plus près aux faits tels qu’ils furent relatés par la presse. Un carton pré-générique nous annonce ainsi que tout ce que le film relate est la stricte vérité, à l’exception des noms et des lieux qui ont volontairement été modifiés. Tenant là le rôle le plus marquant de toute sa carrière, Robert Blossoms nous livre une performance hallucinante dans le rôle d’Ezra Cobb, un grand gaillard de la campagne élevé dans la crainte du péché et la méfiance de la gent féminine par une mère malade et ultra-possessive. « Le salaire du péché est la syphilis, la gonorrhée et la mort » lui assène-t-elle quotidiennement en grimaçant dans le lit qu’elle ne quitte plus. Forcément, on ne ressort pas indemne d’une telle éducation. Le jour où la moribonde passe de vie à trépas, l’esprit d’Ezra refuse tout bonnement d’intégrer ce décès impensable. Un an après sa mort, guidé par une voix intérieure, il déterre le cadavre de sa génitrice, le ramène chez lui, l’embaume et se comporte comme si elle était toujours vivante. Le Norman Bates d’Hitchcock n’est donc pas loin.