L’intrigue rebondit enfin lorsque Louque, inspectant l’un des temples en pleine nuit, tombe sur une gravure semblable au parchemin de Tsiang et découvre un passage secret. Désormais en possession de la formule de création des zombies (le « secret du roi des Khmers »), il choisit son domestique Buna (Teru Shimada) comme premier cobaye. En émule du Bela Lugosi de White Zombies, l’amoureux éconduit assujettit dès lors les hommes en distillant un produit secret et en portant sa main sur son front, en souvenir du troisième œil de Kali. Du coup, le terme zombie semble un peu inapproprié pour décrire les créatures devenues ses esclaves, dans la mesure où il semble surtout s’agir d’hypnose et d’autosuggestion. C’est sans doute là que blesse le bât de La Révolte des zombies, dans son incapacité à bâtir une intrigue totalement cohérente malgré ses nombreuses idées originales et sa volonté d’inscrire le mythe des morts-vivants dans la grande histoire. Le spectateur se distrait tout de même grâce à des péripéties rocambolesques dignes d’un serial, de nombreux rebondissements et un final mouvementé, jusqu’à l’ultime retour au calme s’achevant sur une de ces phrases sentencieuses dont le cinéma de genre de l’époque avait le secret : « seuls les dieux peuvent détruire ce qu’ils ont créé. »
© Gilles Penso