Restent les visions oniriques. À contre-courant des effets spéciaux high-tech et du tout numérique en vogue sur les écrans depuis la fin des années 90, Gondry opte pour des techniques artisanales proches de ses nombreuses expérimentations dans le domaine du film publicitaire. Il concocte ainsi plusieurs saynètes extraordinaires, à partir d’objets de récupération animés image par image à l’ancienne. Les rouleaux de papier toilette se transforment en voitures, le coton en nuages, le cellophane en eau qui coule, et bientôt c’est une immense cité en carton qui se met en mouvement dans les rêves de Stéphane. « C’est de l’artisanat pur », nous explique le producteur Georges Bermann. « Nous avons installé un studio d’animation dans la maison de famille de Michel Gondry, dans les Cévennes, et les animateurs ont travaillé sur les séquences en question pendant deux mois. Pendant le tournage des prises de vues principales, les animateurs sont ensuite venus animer certains éléments dans les décors, comme le petit poney qui court sur le piano et sur le tapis. Ces séquences étaient filmées pendant la nuit, entre deux journées de tournage avec les comédiens. » (1) Poétiques, rafraîchissantes et surréalistes, ces visions sont la vraie réussite de La Science des rêves, une oasis colorée et naïve au beau milieu d’un objet filmique bizarre en quête d’un scénario et d’une direction d’acteurs dignes de ce nom.
(1) Propos recueillis par votre serviteur en juin 2006
© Gilles Penso