NI LA MER NI LE SABLE (1972)

Terrassée par la mort brutale de l’homme qu’elle aime, une femme le fait revenir d’outre-tombe par la force de ses sentiments

NEITHER THE SEA NOR THE SAND

 

1972 – GB

 

Réalisé par Fred Burnley

 

Avec Susan Hampshire, Michael Petrovitch, Frank Finlay, Michael Craze, Jack Lambert, Betty Duncan, David Garth, Anthony Booth

 

THEMA ZOMBIES

Ni la mer ni le sable : derrière ce titre imagé et poétique se cache une œuvre méconnue qui s’efforce d’aborder le thème du mort-vivant sous un angle profondément romantique. Le scénario est l’œuvre de Gordon Honeycombe, qui adapte là son propre roman, et la mise en scène est signée Fred Burnley. Monteur de formation (il travailla sur Le Pont de la rivière Kwaï en 1957), ce dernier signa quelques réalisations pour la télévision avant d’attaquer avec Ni la mer ni le sable son premier long-métrage destiné au grand écran. Ce sera aussi son film-testament, puisqu’il mourra trois ans après sa sortie sur les écrans. C’est l’histoire d’un amour fou, qui bafoue les lois naturelles de la vie et de la mort pour se prolonger envers et contre tout. Une belle idée, entravée cependant par beaucoup de maladresses et de naïvetés qui n’entachent pas totalement l’œuvre mais restreignent son impact et sa crédibilité. Par son déroulement, ses thématiques, ses rebondissements et son héros d’outre-tombe, Ni la mer ni le sable n’est pas sans évoquer Le Mort-vivant de Bob Clark, qui sortira sur les écrans un an plus tard et saura mieux convaincre les spectateurs.

L’intrigue prend place sur l’île de Jersey où une épouse troublée, Anna Robinson (incarnée par Susan Hampshire, l’héroïne de Malpertuis) s’isole volontairement pour prendre du recul et tenter de régler le tumulte de sa vie. Là, elle rencontre un gardien de phare, Hugh Dabernon (Michael Petrovitch) et s’éprend de lui. Ensemble, tous deux s’enfuient en Ecosse où leur idylle prend une tournure féerique. Mais un jour, après une scène d’amour torride sur la plage, Hugh court sur le sable et s’effondre brutalement, frappé par une crise cardiaque. Anna est tellement bouleversée qu’elle refuse tout net d’accepter le drame qui vient de survenir. Son déni est si fort qu’un soir, lorsqu’on cogne à sa porte, elle n’est nullement surprise de voir Hugh se présenter à elle. Par la force de son amour, elle l’a ramenée d’entre les morts. Mais il n’est plus vraiment le même. Muet, hagard, il n’est que l’ombre de l’amant qu’elle a connu. Et si une vie mécanique l’anime encore par miracle, le processus de décomposition semble ne pas avoir été enrayé…

D’entre les morts

Nous sommes tout disposés à embrasser cette love story d’outre-tombe et à plonger dans l’intensité des sentiments qui animent son infortunée héroïne. Mais même les moins cyniques auront sans doute du mal à appréhender sans sourire la première demi-heure du métrage. Truffé de dialogues naïfs dignes de la collection Arlequin, ponctué de séquences érotiques soft, accompagné d’une musique sirupeuse sans finesse, ce premier acte nécessite une certaine patience. Celle-ci est récompensée en partie après le drame. Quelques sursauts de mise en scène parviennent à piquer l’intérêt du spectateur et à le surprendre (la main brûlée, l’accident de voiture, le visage de l’amant qui prend soudain les traits d’un zombie avec une peau décomposée et des yeux noirs), même si l’ensemble demeure volontairement lent et contemplatif. Nous ne sommes décidément pas dans un film d’horreur traditionnel. Le dénouement, d’une beauté lugubre et nihiliste, s’achève sur un texte justifiant le titre du film : « Ni la mer ni le sable ne briseront leur amour. Un amour qui ne s’envolera jamais au gré d’une brise marine. » Inédit en France, Ni la mer ni le sable sera directement exploité en VHS chez nous.

 

© Gilles Penso

 

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