Pour renforcer son argument, le cinéaste ne recule pas devant la violence, comme en témoigne cette image choc d’un homme empalé sur une barrière. L’impact d’une telle scène repose autant sur son horreur visuelle (l’homme est en sang, ses viscères s’écoulent au sol) que sur ses répercussions directes, les gens dans la rue passant devant lui sans s’en soucier le moins du monde. Plus tard, à travers un remarquable travail de montage et d’effets sonores, un suicide dans le métro s’avère à la fois absurde, drôle et atroce. C’est donc à une véritable douche écossaise que nous invite Jens Lien, avec au bout du chemin l’interrogation ultime : « qui est fou, moi ou le monde qui m’entoure ? » Une question qui, bien entendu, restera sans réponse. Monde parallèle ? Régime totalitaire ? Rêve éveillé ? Second niveau de conscience ? Si la pièce initiale donne le fin mot de l’histoire, le réalisateur préfère rester flou, comme pour mieux inciter le spectateur à échafauder ses propres théories. Et si le titre « français » joue la carte du jeu de mot, le titre original, plus ambigu, pourrait se traduire par « L’homme gênant ». En 2007, Norway of Life rafla plusieurs prix au Festival du Film Fantastique de Gérardmer, notamment le Grand Prix, le Prix de la Critique Internationale, le Prix Jury Jeunes et le Prix du Jury Sci-Fi.
© Gilles Penso