SIXIEME SENS (1999)

Le film qui a révélé M. Night Shyamalan, qui a relancé la carrière de Bruce Willis et qui a redonné ses lettres de noblesses aux films de fantômes

THE SIXTH SENSE

1999 – USA

Réalisé par M. Night Shyamalan

Avec Bruce Willis, Haley Joel Osment, Toni Collette, Olivia Williams, Mischa Barton, M. Night Shyamalan 

THEMA FANTÔMES I SAGA M. NIGHT SHYAMALAN

Ceux qui pensaient avoir tout vu en matière d’histoires de fantômes ont subi un véritable électrochoc face à ce Sixième Sens. Son auteur réalisateur, M. Night Shyamalan, un Américain d’origine indienne alors parfaitement inconnu du grand public, s’est ainsi retrouvé propulsé sur le devant de la scène. Le secret du succès de Sixième Sens réside sans conteste dans son scénario en béton armé, suffisamment efficace sur le papier pour avoir séduit une star de la trempe de Bruce Willis et un studio tel que Disney. Le pitch utilisé à l’époque par Shyamalan pour définir son film était pour le moins intriguant : un croisement entre L’Exorciste de William Friedkin et Des Gens comme les autres de Robert Redford ! Le docteur Malcolm Crowe, psychologue pour enfants, est hanté par son échec vis-à-vis d’un jeune patient perturbé qu’il n’a pas réussi à aider. Lorsqu’il rencontre Cole Sear, un garçon de huit ans aux mêmes symptômes, il se promet de tout faire pour l’aider. Mais le secret de Cole est terrible : son imaginaire est visité par des fantômes inquiétants. La recherche d’une explication rationnelle guidera l’enfant et le thérapeute vers une vérité foudroyante…

Toute la force du film réside dans le sérieux et le naturalisme avec lesquels sont traités les revenants et les perceptions extrasensorielles de Cole. Loin des canons hollywoodiens, la mise en scène de Shyamalan évacue les effets de style voyants, les trucages spectaculaires et les images léchées pour proposer une approche minimaliste, presque crue. Le film prend son temps pour installer son atmosphère, les comédiens jouent tout en nuances, et les séquences de terreur pure n’en sont que plus éprouvantes. Car en plongeant le spectateur dans le regard du jeune protagoniste, et en dirigeant l’étonnant Haley Joel Osment avec justesse et finesse, Shyamalan retranscrit comme personne sur son écran l’impact de nos frayeurs enfantines. Il faut remonter jusqu’à Poltergeist pour en trouver un équivalent substantiel. Sixième Sens rend d’ailleurs un hommage direct à la ghost story de Tobe Hooper et Steven Spielberg en reproduisant assez fidèlement la séquence des chaises soudain empilées sur la table, ici remplacées par des tiroirs et des placards dans une cuisine. 

Un vertigineux coup de théâtre

Le film de Shyamalan doit également une grande part de sa popularité à son dénouement choc, conçu comme un vertigineux coup de théâtre replaçant l’intégralité du récit sous une perspective inattendue. L’impact de cette chute nous ramène carrément à celles de  Psychose, de La Planète des singes, ou de l’injustement méconnu Réincarnations. Ainsi, une seconde vision du film permet de vérifier à quel point et avec quelle minutie nous avons été manipulés d’un bout à l’autre de l’intrigue. Sans doute ce penchant pour le « twist ending » est-il en partie hérité de La Quatrième dimension. « J’adore cette série », confirme le cinéaste. « C’est l’une des choses les plus marquantes et les plus importantes que j’ai pu voir en tant que spectateur pendant ma jeunesse. La Quatrième dimension a forcément eu une influence énorme sur moi et sur mon travail. Parfois ce n’est pas conscient. Mais il est évident que cette série m’a changé. » (1)  Sixième Sens relancera la vogue du film de fantômes « sérieux », traînant dans son sillage des œuvres comme Hypnose, ApparencesIntuitionsLes Autres ou  Gothika. Shyamalan, quant à lui, poursuivra dans une veine similaire, sans toutefois retrouver l’inspiration et le degré de qualité de cette œuvre exceptionnelle, qui coûta cinquante-cinq millions de dollars et en rapporta près de trois cents. 

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en septembre 2015

 

© Gilles Penso

Partagez cet article