COMTESSE DRACULA (1971)

Révélée par Vampire Lovers, la voluptueuse Ingrid Pitt retrouve la Hammer pour donner corps à la sanglante comtesse Bathory…

COUNTESS DRACULA

 

1971 – GB

 

Réalisé par Peter Sasdy

 

Avec Ingrid Pitt, Nigel Green, Sandor Elès, Maurice Denham, Patience Collier, Peter Jeffrey, Lesley Ann-Down, Leon Lissek

 

THEMA VAMPIRES

L’affaire de la comtesse hongroise Elizabeth Nadasdy, née Bathory, qui fut condamnée pour avoir kidnappé et assassiné des centaines de jeunes filles afin de se baigner dans leur sang et de prolonger ainsi sa jeunesse, fit couler beaucoup d’encre en 1611. Ce cas réel de vampirisme non surnaturel frappa évidemment les imaginations, et le studio Hammer profita du relâchement de la censure au début des années 70 pour en proposer une adaptation cinématographique. Vampire Lovers, qui fonctionnait déjà sur un registre voisin, révéla la belle Ingrid Pitt, qui reprend ici du service dans le rôle de la comtesse sanglante. Celle-ci, vieillissante, vient d’enterrer son époux lorsque le film commence. Cruelle avec son petit personnel, elle maltraite un soir une de ses femmes de chambre, la blessant avec un couteau. Le sang de la donzelle gicle sur la joue de la comtesse, et aussitôt les rides y disparaissent. Stupéfaite par l’incroyable découverte, Elizabeth décide désormais de faire enlever les jeunes vierges du village et de les égorger pour enduire son corps de leur sang, avec la complicité de son amant le capitaine Dobi. Rajeunissant miraculeusement, elle choisit de se faire passer pour sa propre fille Ilona, tandis que la véritable Ilona est séquestrée dans la forêt pour éviter de mettre à jour la supercherie. Sa libido s’accroissant, la comtesse se met à tourner autour du bel Imre Toth, ce qui n’est évidemment pas du goût de Dobi…

Le lieu commun affirmant que la réalité dépasse la fiction s’applique hélas on ne peut mieux à ce frileux Countess Dracula réalisé sans panache par un Peter Sasdy que l’on connut plus inspiré (il venait de signer l’audacieux Une messe pour Dracula). Là où l’on attendait des débordements érotico-horrifiques, des visions dantesques de baignoires emplies de sang virginal et d’éprouvants meurtres en série, le film ne dévoile qu’un timide bout de sein et se contente de montrer la comtesse s’éponger chastement la joue avec quelques gouttes de sang. Comme en outre Ingrid Pitt ne semble que très peu concernée par son personnage, et que Sandor Elès est un héros d’une incroyable fadeur, le film ne ressort guère grandi par son casting, malgré la conviction de Nigel Green en capitaine Dobi et l’indiscutable charme de Lesley-Anne Down qui interprète Ilana.

Les stigmates du crime

On peut également regretter le manque de finesse des maquillages vieillissants de Tom Smith, qui nuisent beaucoup à la crédibilité de l’ensemble. Toutes ces faiblesses sont d’autant plus malencontreuses que le scénario possédait un vrai potentiel horrifique, mêlant habilement le thème du vampirisme au mythe de Dorian Gray, dans la mesure où la comtesse enlaidit davantage chaque fois qu’elle retrouve son âge véritable, comme si elle portait les stigmates de ses crimes et de ses péchés. Pour justifier un titre faisant allusion à Dracula sans autre justification que le fort impact commercial du comte imaginé par Bram Stoker, Peter Sasdy achève son film sur une poignée de villageois regardant avec mépris la criminelle emprisonnée en crachant et l’affublant du surnom peu enviable de « comtesse Dracula », le sobriquet étant dès lors repris en chœur comme une sinistre litanie.

 

© Gilles Penso

 

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