CYBORG (1989)

Dans un monde post-apocalyptique, Jean-Claude Van Damme affronte une redoutable bande de barbares pour tenter de sauver l’humanité…

CYBORG

 

1989 – USA

 

Réalisé par Albert Pyun

 

Avec Jean-Claude Van Damme, Deborah Richter, Vincent Klyn, Alex Daniels, Dayle Haddon, Ralf Moeller

 

THEMA FUTUR

À la fin des années 80, Menahem Golan et Yoram Globus, les légendaires dirigeants de Cannon Films, essuient coup sur coup deux revers : l’annulation de leur projet Spider-Man et l’incapacité de récupérer les droits des Maîtres de l’univers pour en produire une suite. Ces deux projets alléchants sont donc laissés en plan. Pour amortir en partie les dépenses effectuées dans les repérages, les préparatifs et les designs, le réalisateur Albert Pyun arrive à la rescousse avec l’idée d’un petit film d’action futuriste. Pyun est un proche de Cannon depuis que Menahem Golan a vu L’Épée sauvage et lui a proposé de réaliser plusieurs films sous son giron comme Campus, Pleasure Planet, Le Trésor de San Lucas ou L’Aventure fantastique. Rompu à l’exercice du cinéma de genre à petit budget, le prolifique metteur en scène imagine donc une course-poursuite post-apocalyptique qu’il destine à Chuck Norris. Mais Golan et Globus pensent que ce projet vise un public plus jeune et nécessite donc une star montante. D’où l’entrée en scène de Jean-Claude Van Damme, alors passé sous le feu des projecteurs grâce à Bloodsport. Pyun réadapte donc l’écriture pour la future star de Kickboxer, signe son scénario sous le pseudonyme de Kitty Chalmers (le nom de son chat !) et choisit pour le nom de ses personnages principaux des marques de guitares célèbres. Le héros et son antagoniste s’appellent donc respectivement Gibson et Fender.

L’intrigue de Cyborg se situe dans une ambiance très proche de celle des imitations italiennes de Mad Max 2 et New-York 1997 qui fleurissaient sur les écrans depuis le début des années 80. À ces « post-apo » transalpins, le film de Pyun emprunte d’ailleurs des accès de violence graphique décomplexés : les gorges sont tranchées, les têtes coupées, les membres sectionnés… Ce futur ravagé par la guerre – tourné principalement dans des ruines, des décharges publiques et des terrains vagues – voit errer une populace hagarde décimée par la peste. C’en est donc bientôt fini de l’humanité, à moins qu’une équipe de chercheurs réunie à Atlanta ne parvienne à endiguer l’épidémie. Pour y parvenir, ils ont besoin de récupérer les précieuses informations que transporte Pearl (l’ex-mannequin Dayle Haddon), un cyborg pris en chasse par la redoutable bande de Fender (le très impressionnant Vincent Klyn). Plongé malgré lui dans cette course-poursuite, l’ancien mercenaire Gibson (JCVD) va devoir s’impliquer dans ce combat dont l’issue pourrait bien être la survie de la race humaine. L’acteur belge compose donc une figure qui deviendra récurrente dans sa filmographie, celle du bagarreur qui a pris sa retraite anticipée, loin du tumulte du monde, et qui se retrouve malgré lui obligé de redonner du poing et de la savate pour se positionner sur l’échiquier du bien et du mal.

Grand écart et crucifixion

Le script un peu paresseux de Cyborg, qu’on imagine rédigé en quatrième vitesse, joue le jeu de la linéarité primaire. Tout n’est que prétexte à ponctuer régulièrement le métrage de combats musclés riches en cascades et en exploits physiques. Le budget ne permet pas de réaliser des miracles, mais quelques effets spéciaux audacieux constellent le film, comme une poignée de matte paintings figurant les panoramas d’un monde dévasté, quelques plans en stop-motion permettant d’animer en gros plan la tête du cyborg et plusieurs maquillages spéciaux conçus par le talentueux Greg Cannom (futur maître d’œuvre des métamorphoses du Dracula de Coppola). Cyborg nous offre un super-vilain mémorable, sorte de Terminator à dreadlocks et en cotte de maille, dont la voix de ténor déclame des tirades caricaturales du genre « J’aime ce monde, j’aime la misère, je serai un dieu, je reviens de l’Enfer », et dont les sbires poussent des rugissements d’hommes préhistoriques. Taillé sur mesure pour Jean-Claude Van Damme, le film nous offre l’incontournable scène de grand-écart et les non moins incontournables coups de pieds levés. Devenu martyr après avoir reçu la raclée du siècle, le héros se transforme littéralement en figure christique au cours du dernier acte, crucifié sur le mat d’une épave de bateau, nouveau Jésus belge et futuriste se découpant sur fond de coucher de soleil. Cette étape douloureuse mais nécessaire permettra à ce Phénix musclé de renaître de ses cendres pour aller en découdre une fois pour toutes avec le Mal. Très mal reçu lors des projections tests, Cyborg sera entièrement remonté sous la supervision de Van Damme, et c’est cette version qui sortira sur les écrans, plus édulcorée, plus classique et plus « mainstream » que ce qu’Albert Pyun avait initialement en tête.

 

© Gilles Penso

 

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