DUNE WORLD (2021)

Pour surfer sur la sortie de Dune, Anthony et Mark Polonia concoctent cette micro-production de science-fiction d’une désarmante maladresse…

DUNE WORLD

 

2021 – USA

 

Réalisé par Anthony et Mark Polonia

 

Avec Samantha Coolidge, Houston Baker, Ryan Dalton, Cassandra Hayes, Jeff Kirkendall, Drew Patrick

 

THEMA SPACE OPERA

Anthony et Mark Polonia se sont spécialisés dans les films d’horreur et de science-fiction aux grandes ambitions malgré des budgets indécents leur permettant à peine d’acheter des sandwiches pour leur équipe. Avec toute la bonne volonté du monde, ils ne peuvent pas faire de miracles. Bigfoot Vs. Zombies, Ghost of Camp Blood, Amityville Island, Shark Encounters of the Third Kind ou Invasion of the Empire of the Apes (pour n’en citer qu’une poignée) rivalisent donc de maladresse et d’amateurisme. Leur confrère et ami Brett Piper leur prête souvent main-forte pour créer des monstres pittoresques permettant d’égayer un peu le spectacle, mais rien n’y fait : ces films tournés à la va vite sont souvent laids et indigestes. Désireux de suivre la voie de Roger Corman ou de la compagnie Asylum, les frères Polonia se laissent volontiers inspirer par la sortie médiatisée des superproductions du moment pour mettre en chantier des imitations « low cost ». Le Dune de Denis Villeneuve motive ainsi la réalisation de cet effroyable Dune World qui, à l’exception d’une planète désertique et de quelques pseudo-vers de sables, n’entretient aucun rapport avec le classique de Frank Herbert.

Dès les premières secondes, rien ne fonctionne : ni cette musique pompeuse jouée par un synthétiseur qui essaie de se faire passer pour un orchestre symphonique, ni ces images spatiales nébuleuses et répétitives, ni ce visage flottant sur fond d’images parasites qui déclame des phrases incompréhensibles philosophico-lyriques. Mais c’est la mise en scène des héros dans leur vaisseau spatial qui permet vraiment de mesurer l’ampleur des dégâts. Ce tableau de bord bricolé avec le clavier d’une régie vidéo, ces murs en papier aluminium, ces costumes de la NASA qui semblent avoir été chinés aux puces ou encore ce robot interprété par un acteur affublé d’une capuche argentée et d’un masque informe en disent long sur le soin apporté à la « direction artistique » du film. Frappé par un rayon venu d’on ne sait où, le vaisseau atterrit en catastrophe sur Caliban, une planète recouverte de sable où une précédente expédition semble s’être déjà rendue vingt ans plus tôt. Les cinq membres de l’équipage explorent les lieux et ne sont pas au bout de leurs surprises… Les spectateurs non plus !

Des effets très « spéciaux »

Entre deux interminables dialogues pseudo-techniques dénués du moindre intérêt, les cinq comédiens évoluent mollement devant un fond bleu où s’incrustent des décors de désert avec une telle maladresse que le résultat en devient presque surréaliste. La production n’ayant visiblement pas eu le temps ou les moyens de fabriquer des casques d’astronautes, nos héros se contentent de masques chirurgicaux et de lunettes de soleil, brandissant des armes en plastique qui ressemblent fortement à des pistolets à eau. De temps en temps, un ver des sables géant surgit pour les faire hurler puis s’éloigne quelques secondes plus tard. Il s’agit d’une petite marionnette en latex fabriquée à la va vite par Brett Piper (visiblement inspiré par les « Veaux Lunaires » des Premiers hommes dans la Lune) et agitée vaguement devant la caméra. Le reste des effets spéciaux (vues spatiales, panoramas désertiques, explosions, fumées, poussière en suspension, images de synthèse psychédéliques) proviennent de banques d’image tout public et sont réutilisés inlassablement tout au long du montage. La majeure partie du métrage se déroule cependant dans une sorte d’abri souterrain qui n’a rien de dépaysant puisque l’équipe s’est contentée de filmer dans des salles de réunion, des bureaux et des locaux techniques. Les « décorateurs » n’ont même pas pris la peine de déplacer les chaises, les écrans de vidéoprojection, les pots de crayon et les rouleaux d’essuie-tout ! Bref, un grand moment de n’importe quoi.

 

© Gilles Penso


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