Décidément, l’univers d’Enki Bilal passe difficilement le cap du grand écran. Car si Immortel (Ad Vitam) s’avère moins austère que Bunker Palace Hotel et bien plus abouti que Tykho Moon, il en conserve le même travers principal : une terrible froideur, certes appropriée au papier glacé des BD du dessinateur mais rédhibitoire au sein d’un long-métrage censé impliquer et émouvoir ses spectateurs. Inspiré par les splendides albums « La Foire aux Immortels » (1980) et « La Femme Piège » (1986), le scénario nous entraîne dans le New York de 2095, en pleine campagne électorale. Dans ce futur extrêmement graphique, la ville est peuplée de mutants, d’extra-terrestres et d’humains réels ou synthétiques. Au milieu d’un ciel sans cesse survolé de véhicules en tout genre surgit soudain une gigantesque pyramide habitée par trois dieux égyptiens. Tandis que Bastet, la femme-chat, et Anubis, l’homme-chacal, entament une partie d’échecs, Horus, l’homme à tête de rapace, gagne la Terre à la recherche d’une enveloppe corporelle humaine. Il trouve son bonheur auprès de Nikopol, un prisonnier dont il orchestre l’évasion. En habitant son corps, il le force à rencontrer et aimer Jill, une femme mutante dont les cheveux et les larmes arborent une étrange couleur bleue. Le but d’Horus est de s’assurer une divine filiation. Violeur malgré lui, Nikopol va peu à peu tomber amoureux de la belle, un sentiment réciproque qui bouleverser les plans du tout puissant Horus.