SHAKMA (1990)

Un singe qui a servi de cobaye à des expérimentations médicales s’échappe de sa cage et entame un massacre méthodique…

SHAKMA

 

1990 – USA

 

Réalisé par Hugh Parks et Tom Logan

 

Avec Christopher Atkins, Amanda Wyss, Ari Meyers, Roddy McDowall, Robb Morris, Tre Laughlin, Greg Flowers, Ann Kymberlie, Donna Jarrett

 

THEMA SINGES

Tourné aux studios Universal de Floride pour un budget estimé à un million et demi de dollars, ce modeste film d’horreur tente un curieux mélange. Si son intrigue s’appuie sur la mécanique classique de l’attaque animale, le scénario de Roger Engle (dont ce sera le seul « titre de gloire ») cherche aussi à capitaliser sur la vogue croissante des jeux vidéo, des jeux de rôle et de l’avènement de l’informatique à l’aube des années 90. Il en résulte un « shocker » un peu hybride co-réalisé par Hugh Parks et Tom Logan qui, quelques mois plus tôt, signaient l’obscure comédie Dream Trap. Shakma s’intéresse au professeur Sorenson (Roddy McDowall) et à six de ses étudiants. Ces derniers conduisent plusieurs expériences sur des animaux dans le but d’abolir leur hormone d’agressivité. Ils injectent ainsi le produit de leur invention, la corticotropine, à l’un de leurs cobayes, le babouin Shakma. Bien sûr, chaque habitué du cinéma fantastique sait qu’il n’est jamais bon de jouer à l’apprenti-sorcier. Mais nos protagonistes n’en sont visiblement pas conscients. Le résultat de leurs expérimentations sera donc l’inverse de celui qu’ils escomptent.

 

À ce stade du récit, Shakma tente d’apporter un peu d’originalité à travers la traditionnelle soirée de jeu de rôle à laquelle participe le groupe d’étudiants dans les locaux du laboratoire. Un jeu qui, avouons-le, semble ennuyeux à mourir, au point qu’il nous semble improbable que les étudiants puissent s’y adonner avec autant de passion. Mais bon, admettons. Cette distraction ludique n’est de toutes façons qu’un prétexte à détourner l’attention des spectateurs, puisque le singe Shakma ne tarde pas à s’échapper pour roder dans les couloirs en quête de proies dans lesquelles planter ses crocs. Le jeune Sam (Christopher Atkins), organisateur du jeu et responsable du soin des animaux, va bientôt regretter de ne pas avoir euthanasié le quadrumane, comme le lui avait demandé initialement le professeur.

Malin comme un singe

L’intrigue n’étant pas foncièrement palpitante, seules les agressions du babouin nous secouent un peu de notre torpeur, même si elles sont filmées sans inventivité. Car la mise en scène de Parks et Logan est relativement anonyme, souffrant en outre d’une lumière télévisuelle et d’une affreuse bande originale synthétique. Une ou deux scènes de suspense dans les couloirs fonctionnent tout de même assez bien et quelques trouvailles visuelles surnagent, notamment la gueule ensanglantée du monstre qui occupe tout l’avant-plan tandis qu’une fille terrorisée hurle à l’arrière-plan. Le babouin lui-même s’avère impressionnant lorsqu’il pique des crises d’hystérie, se met à attaquer tout ce qui entre dans son champ de vision, court à toute allure dans les corridors ou tape frénétiquement contre les portes en sautant dans tous les sens. Il faut à ce titre saluer le travail remarquable du dresseur Gerry Therrien et de son singe savant Typhoon, qui jouait aussi dans La Mouche de David Cronenberg. Shakma s’offre quelques écarts gore (deux ou trois cadavres sont assez gratinés) et développe même une idée qui sera reprise dans Jurassic Park : la créature est capable d’ouvrir des portes. Le film nous offre surtout la joie ironique de retrouver Roddy McDowall, l’éternel Cornelius de La Planète des singes, dans un film où le « héros » est justement un primate.

 

© Gilles Penso

 

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