MALÉFIQUE (2002)

Quatre détenus qui partagent la même cellule tentent de s’évader à l’aide d’un vieux grimoire empli d’étranges incantations…

MALÉFIQUE

 

2002 – FRANCE

 

Réalisé par Eric Valette

 

Avec Gérard Laroche, Philippe Laudenbach, Clovis Cornillac, Dimitri Rataud, Didier Bénureau, Geoffrey Carey

 

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE

Un bon point de départ ne suffit pas à faire un bon film. Un constat qui semble évident, et qui se vérifie dans ce Maléfique franchement mal fagoté. Le film serait d’ailleurs sans doute passé inaperçu s’il n’avait été inexplicablement surestimé par une presse s’évertuant à crier au génie (des « Cahiers du Cinéma » à « Mad Movies » en passant par « Studio Magazine », la béatitude fut, semble-t-il, contagieuse, et le Festival de Gérardmer se fendit même d’un Prix du Jury en 2003). L’idée de base, empruntée entre autres à H.P. Lovecraft et à Evil Dead, avait certes de quoi séduire. Quatre détenus partagent la cellule d’une prison décrépie. Tous très différents, ils n’ont en commun que leur envie de sortir, une envie qui va peut-être pouvoir se concrétiser avec la découverte derrière une pierre mystérieusement descellée d’un vieux grimoire empli d’incantations étranges. Celles-ci ont été rédigées par Danvers, un ancien détenu adepte de sorcellerie qui occupait la cellule au début du siècle…

Voilà un point de départ qui s’avérait plutôt prometteur. Promesse bafouée hélas par un laxisme scénaristique désolant et une gestion du rythme très discutable. En gros, rien ne se passe avant trois bons quarts d’heure, et lorsqu’enfin le surnaturel montre le bout de son nez, c’est avec une timidité quasi-maladive. Pour compenser cette vacuité, Eric Valette se laisse aller à quelques écarts gore qui tombent un peu comme des cheveux dans la soupe : un doigt coupé, une main rongée, des poignets tailladés, des jets de sang… Jusqu’à un dénouement/chute qu’on sent venir d’assez loin et qui lorgne du côté de La Quatrième dimension. Comme en outre la mise en scène hésite sans cesse sur le point de vue à adopter, que la photographie manque singulièrement de finesse et que les personnages sont traités sous l’angle de l’archétype caricatural, ce Maléfique ne transcende guère le genre. Dommage, car les intentions étaient des plus louables, le casting témoignait d’une indéniable originalité (avec notamment Clovis Cornillac, pas encore surexposé sur les écrans hexagonaux, dans la peau d’un transsexuel athlétique) et la noirceur sans concession du ton laissait espérer largement mieux. Bref, on sentait tout de même à la base une volonté de bien faire.

Derrière les murs…

Finalement, Valette et ses deux scénaristes (Alexandre Charlot et Julien Magnier) s’avéraient autrement plus incisifs lorsqu’ils œuvraient ensemble pour les séquences parodiques des « Guignols de l’Info ». Preuve, sans doute, que la télévision et le cinéma n’obéissent pas aux mêmes codes et ne nécessitent pas forcément les mêmes efforts créatifs. Le réalisateur prouva d’ailleurs son talent par la suite avec le remarquable thriller La Proie. Signalons au passage que l’idée originale de Maléfique, imaginée par François Cognard, présente d’étonnantes similitudes avec un court-métrage signé par l’auteur de ces lignes, Derrière les murs, qui fut présenté chez Canal + en 1999, au sein d’une commission dirigée par… François Cognard justement ! Il y était question d’une prisonnière découvrant dans sa cellule une incantation étrange qu’elle prononçait à voix haute, déchaînant aussitôt des forces maléfiques… Plagiat plus ou moins conscient ou coïncidence ? Difficile de trancher, évidemment, mais les ressemblances sont troublantes. Dans un registre voisin, quand ils initièrent leur film d’horreur Derrière les murs en 2011, les réalisateurs Pascal Sid et Julien Lacombe eurent la décence de demander à votre humble serviteur l’autorisation de réutiliser ce titre. C’était fair-play.

 

© Gilles Penso

 

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