D’une grande beauté plastique, Rampo alterne ainsi sa narration entre la vie réelle de l’écrivain Edogawa Rampo et celle de son héros / double le détective Akechi, les deux finissant par se confondre en fusionnant. Plus l’intrigue avance, plus l’imagerie gothico-fantastique s’immisce jusqu’à évoquer par moments le cycle Roger Corman/Edgar Poe, avec une touche insolite supplémentaire qui ne ressemble à rien de connu. Beaucoup d’effets visuels inventifs émaillent le récit, en particulier de très belles peintures sur verre pour représenter le château du marquis Ogawara, de faux nuages nocturnes en aquarium lors d’une poursuite en voiture, plusieurs effets pyrotechniques et même des images de synthèse, le tout s’intégrant parfaitement à la recherche constante d’esthétisme propre au film. Parmi les nombreuses trouvailles visuelles de Rampo, on se souviendra par exemple de ce plan où Akeshi passe devant un miroir, ce dernier reflétant l’image de Rampo, ou des projections d’images érotiques sur le corps dénudé de Shizuko, des idées toutes simples mais très efficaces. On note aussi un très beau dessin animé, au tout début du film, qui visualise le crime décrit par le romancier. A vrai dire, le problème de Rampo provient essentiellement de son rythme excessivement lent, qui finit par nuire sérieusement à l’impact du récit.
© Gilles Penso