VENOM : LET THERE BE CARNAGE (2021)

Réalisé par Andy Serkis, ce second Venom a une vertu indiscutable : faire ressembler le film précédent à un chef d’œuvre !

VENOM : LET THERE BE CARNAGE

 

2021 – USA

 

Réalisé par Andy Serkis

 

Avec Tom Hardy, Woody Harrelson, Michelle Williams, Naomie Harris, Stephen Graham, Reid Scott

 

THEMA SUPER-VILAINS I SUPER-HÉROS I SAGA MARVEL

Le post-générique de Venom nous avait prévenus : le super-vilain du second opus sera le célèbre Carnage, un monstre écarlate créé à l’origine par le scénariste David Michelinie et le dessinateur Mark Bagley. En réalité, le réalisateur Ruben Fleischer envisage d’offrir à cet opposant un rôle plus important dans le premier film, avant de le reléguer finalement à un clin d’œil final en forme de bande-annonce. Le choix de Woody Harrelson pour l’incarner procède d’une double logique : Fleischer l’a fortement apprécié dans Tueurs nés d’Oliver Stone et l’a lui-même dirigé dans Bienvenue à Zombieland. Mais un conflit d’agenda empêche finalement Fleischer de réaliser le second Venom, puisqu’il est alors accaparé par la suite de Zombieland. Le studio Sony se tourne donc vers Andy Serkis, comédien popularisé par les créatures qu’il a incarnées via la technique de la motion capture (Gollum, King Kong, le singe César, Snoke) devenu réalisateur à l’occasion de Breathe, The Ruins of Empire et Mowgli: la légende de la jungle. Sans doute son expertise dans le domaine de la performance de créatures en images de synthèse a-t-elle joué dans ce choix. Mais ce n’est clairement pas Venom : Let There Be Carnage qui permettra d’apprécier ses talents de metteur en scène.

Sous prétexte de persister dans l’approche comique qui avait tant séduit le public du premier film, ce second Venom ne se réfrène plus dans l’’accumulation de séquences absurdes ou grotesques, quitte à en faire son moteur principal. Nous assistons donc médusés à une série de situations autant embarrassantes qu’improbables : Venom qui prépare un petit déjeuner, Venom qui regarde un soap opéra, Venom à la plage, Venom en boîte de nuit… Sans compter ces interminables disputes de vieux couples entre Eddie Brock et le symbiote qui se répètent inlassablement, dont l’une dans les toilettes d’un commissariat prévue sans doute pour provoquer l’hilarité. Tom Hardy a l’air de bien s’amuser, dans un registre éloigné de ses rôles habituels, comme s’il cherchait à conquérir le jeune public. Woody Harrelson, de son côté, semble totalement perdu dans le rôle du psychopathe Cletus Kasady qu’il joue en parfaite roue libre. Naomie Harris (la Monneypenny des James Bond période Daniel Craig) se retrouve dans la peau d’une super-vilaine qui ne sert strictement à rien (et qu’on pourrait retirer du scénario sans aucune incidence sur le cours des évènements). Quant à Michelle Williams et Reid Scott, ils se contentent de jouer les faire-valoir comiques.

 

Un carnage, c’est le cas de le dire…

Certes, Carnage est une impressionnante créature dont la morphologie changeante se conforme fidèlement aux dessins originaux de Mark Bagley. Mais le personnage n’a rien à défendre, se contentant donc de hurler et de se déployer en tous sens pour casser tout ce qui se trouve dans son champ de vision, au sein d’une titanesque orgie numérique qui devient rapidement indigeste. D’où un combat final brouillon et désordonné principalement conçu pour fournir à la bande-annonce de beaux plans iconiques. Le monstre rouge crie même « Let There Be Carnage » face à la caméra, ce qui peut toujours servir. Finalement, Andy Serkis n’aura pas apporté plus de personnalité à ce film que Ruben Fleischer au précédent. À vrai dire n’importe qui aurait sans doute pu réaliser ce second Venom, partagé entre des scènes d’action qui ressemblent à des animatiques 3D (sans point de vue, sans enjeu dramatique, sans choix de mise en scène) et des scènes de dialogue apparemment improvisées au fur et à mesure. Dans tout ce fatras, on note un petit vent de fraîcheur trop furtif : une courte séquence en animation qui raconte l’enfance tourmentée de Cletus. Calquant ses ambitions sur celles du Marvel Cinematic Universe, Venom : Let There Be Carnage multiplie les effets d’annonce pour bien nous faire comprendre que l’anti-héros à la langue pendante s’apprête à devenir un super-héros à part entière sous le nom de Lethal Protector. Quant à la scène post générique, elle s’ouvre vers un crossover qui serait prometteur si le film de Serkis n’était pas aussi incohérent.

 

© Gilles Penso

 

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