BLACK FRIDAY (2021)

Le soir de Thanksgiving, les employés d’un magasin de jouets doivent faire face à des clients qui se métamorphosent en monstres redoutables…

BLACK FRIDAY

 

2021 – USA

 

Réalisé par Casey Tebo

 

Avec Devon Sawa, Ivana Baquero, Ryan Lee, Stephen Peck, Michael Jai White, Bruce Campbell, Louie Kurtzman, Celeste Olivia, Ellen Colton

 

THEMA MUTATIONS

C’est dans son passé d’employé chez Toys “R“ Us que le scénariste Andy Greskoviak puise son inspiration pour écrire Black Friday. Séduit par le projet, Bruce Campbell accepte d’en être l’un des producteurs et l’un des acteurs principaux, assurant ainsi au film une aura dont il n’aurait pas pu bénéficier sans lui. Signataire de plusieurs clips musicaux, de courts-métrages de science-fiction et du thriller horrifico-comique Happy Birthday, Casey Tebo hérite de la mise en scène. Tourné entre novembre et décembre 2020 dans le Massachussetts, Black Friday s’intéresse à une poignée d’employés d’un grand magasin de jouets, « We Luv Toys », qui se préparent à travailler tout le week-end de Thanksgiving, avec la bénédiction tranquille du directeur de l’établissement Jonathan Wexler (Campbell). Il y a là le dur à cuire Ken (Devon Sawa), sa petite-amie officieuse Marnie (Ivana Baquero), le novice Chris (Ryan Lee), l’assistant du directeur Brian (Stephen Peck), le solide Archie (Michael Jai White), la « bonne élève » Anita (Celeste Oliva), la vieille habituée Ruth (Elle Colton), les débonnaires Emmett et Bircher (Louie Kurtzman et Stanley Bruno).

En plein Black Friday, tous ces vendeurs s’attendent aux habituels débordements transformant les consommateurs en fous furieux et la plus paisible des mères de famille en furie hystérique. Mais ce qui les attend dépasse tout ce qu’ils pouvaient imaginer. En effet, le comportement excessif des clients sort du cadre habituel de la folie consumériste pour prendre une tournure très inquiétante. Peu à peu, chacun d’entre eux se transforme en bête féroce, mutante et affamée, attaquant les employés et se regroupant autour d’une étrange substance gélatineuse qui ne cesse de croître. La résistance s’organise face à cette menace incompréhensible, tandis que chacun s’efforce de garder la tête froide. C’est bien sûr avec beaucoup d’humour que Black Friday aborde cet argument d’horreur et de science-fiction, ne se prenant jamais au sérieux tout en rendant un évident hommage au cinéma de genre des années 80/90. D’où cette volonté de recourir majoritairement à de bons vieux effets spéciaux à l’ancienne, concoctés par le génie des maquillages spéciaux Robert Kurtzman. Ce dernier s’en donne à cœur joie, ne se réfrénant ni dans les effets de mutation excessifs, ni dans les substances dégoulinantes, ni dans ce « boss » final, un monstre géant qui nous rappelle les délires de John Buechler pour Stuart Gordon (From Beyond) ou de Screaming Mad George pour Brian Yuzna (Society).

Sympathique et facultatif

Le caractère décomplexé et hautement distrayant de l’entreprise est donc son point fort. Mais Black Friday fixe aussi très rapidement ses limites en se contentant d’arpenter des sentiers mille fois battus avant lui. Conçu principalement comme un hommage humoristique aux films de zombies, le long-métrage de Casey Tebo arrive un peu tard dans un registre déjà usé jusqu’à la corde. Les clins d’œil directs restent fort heureusement en demi-mesure (on pense au Blob dès l’entame, un extrait de La Malédiction de Chucky passe à la télé, la radio annonce que les comtés de Columbus, Carpenter, Lynch et Wright ont été évacués) mais il n’y a rien de vraiment neuf là-dedans. Par la nature même de son concept, le film aurait pu au moins s’offrir une satire cinglante – et sanglante – de la société de consommation. Mais le Zombie de Romero est déjà passé par là et Black Friday n’a visiblement pas vocation d’apporter la moindre pierre à l’édifice. Comme en outre aucun des personnages n’est foncièrement attachant et que Bruce Campbell assure le service minimum, voilà une expérience agréable mais tout à fait facultative. Sitôt vu sitôt oublié.

 

© Gilles Penso


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