Avec La Bible, John Huston s’est mis en tête d’adapter en trois heures les vingt-deux premiers chapitres de la Genèse. Produite par Dino de Laurentiis et filmée aux quatre coins du monde (l’Italie, l’Afrique, l’Égypte, Israël, l’Islande et même les îles Galapagos !), cette ambitieuse superproduction de 18 millions de dollars s’avère assez contemplative. Huston et son bataillon de scénaristes (auxquels se serait joint officieusement Orson Welles) prennent ainsi dix minutes en début de film pour nous raconter la création du monde, avant l’apparition du premier homme. La voix off du narrateur et celle de Dieu (toutes deux interprétées par Huston lui-même) y sont omniprésentes. Puis interviennent enfin Adam et Eve (Michael Parks et Ulla Bergryd), dans une nudité complète pudiquement occultée par un éclairage à contre-jour (nous ne sommes tout de même qu’en 1966 !). Cette première partie, située dans une remarquable reconstitution du jardin d’Éden, se pare d’une idée visuelle étonnante : le serpent tentateur, lové dans son arbre, est d’abord interprété par un homme (Huston toujours). Ce n’est qu’après son châtiment par Dieu qu’il prend l’allure d’un reptile rampant.