L’EXCELLENTE AVENTURE DE BILL ET TED (1989)

Deux lycéens idiots interprétés par Keanu Reeves et Alex Winter voyagent dans le temps à bord d’une cabine téléphonique venue du futur…

BILL AND TED EXCELLENT ADVENTURE

 

1989 – USA

 

Réalisé par Stephen Herek

 

Avec Keanu Reeves, Alex Winter, George Carlin, Terry Camilleri, Dan Shor, Tony Steedman, Rod Loomis, Al Leong, Jane Wiedlin

 

THEMA VOYAGES DANS LE TEMPS  I SAGA BILL & TED

Avant de devenir une superstar du cinéma d’action grâce à Point Break, Speed et Matrix, avant même de jouer le Jonathan Harker de Dracula, le prince Siddhartha de Little Buddha ou le Kevin Lomax de L’Associé du diable, Keanu Reeves tenait la vedette de L’Excellente aventure de Bill et Ted aux côtés d’Alex Winter. Ce dernier n’était alors apparu que dans une poignée de films comme Le Justicier de New York de Michael Winner ou Génération perdue de Joel Schumacher. À respectivement 22 et 21 ans, les deux acteurs entrent dans la peau des lycéens sympathiquement idiots imaginés par les scénaristes Ed Solomon et Chris Matheson. Tous deux écrivent les premiers jets du script en 1987 en s’inspirant d’un spectacle de stand-up qu’ils avaient créé lorsqu’ils étaient étudiants à la fac. Ce sont donc au départ des sketches courts, sans lien les uns avec les autres. Le propre père de Chris Matheson, le célèbre écrivain de science-fiction Richard Matheson, leur suggère de lier le tout avec l’histoire de voyages dans le temps qui n’occupait initialement qu’un seul des sketches. Une fois l’histoire structurée, le réalisateur Stephen Herek (qui avait dirigé quelques années plus tôt Critters) s’embarque dans l’aventure sans trop savoir comment faire financer un tel film. Après que Warner ait jeté l’éponge, la compagnie de Dino de Laurentiis accepte de se lancer. Hélas, le mogul italien fait faillite après le tournage, menaçant L’Excellente aventure de Bill et Ted d’échouer sur la télévision câblée. C’est le rachat des droits par Nelson Entertainment qui permet au long-métrage de sortir en salles en 1989.

Keanu Reeves et Alex Winter incarnent donc Ted Logan et Bill Preston, deux adolescents passionnés de musique dont les résultats scolaires sont catastrophiques. S’ils échouent à leur exposé d’histoire, ils devront se séparer, Ted étant promis à un triste avenir dans un lycée militaire. Leur groupe de rock ne se concrétisera donc jamais. Venu du futur à bord d’une cabine téléphonique qui permet de voyager dans le temps, l’énigmatique Rufus (George Carlin) leur vient en aide. En traversant plusieurs grandes époques du passé, nos deux joyeux lurons en apprendront suffisamment sur les grandes figures historiques pour réussir leur exposé. Les voilà donc bringuebalés entre l’Autriche du 19ème siècle, le Nouveau Mexique du Far West, la Grèce antique, l’Angleterre médiévale, Washington, la Mongolie extérieure, Orléans et même la Californie préhistorique. Chacune de leurs escales leur permet de faire des rencontres déterminantes, de Napoléon à Billy le Kid en passant par Socrate, Freud, Beethoven, Jeanne d’Arc, Gengis Khan ou Abraham Lincoln…

Drôle d’histoire

Même si le scénario final de L’Excellente aventure de Bill et Ted s’efforce d’unifier ses idées disparates en un tout cohérent, l’aspect « blagues potaches d’étudiants » subsiste, à travers cette collection de saynètes anecdotiques qui semblent avancer un peu au hasard, au fil d’un récit distendu et erratique. Tout repose sur un comique de situation gentiment anachronique : Napoléon qui s’éclate au bowling et au parc aquatique, Socrate, Billy le Kid et Freud qui draguent les filles dans un centre commercial, Beethoveen qui découvre les synthétiseurs, Jeanne d’arc qui s’essaie à l’aérobic, Gengis Khan qui saccage un magasin de sport, Abraham Lincoln qui se fait tirer le portrait… C’est sympathique, mais il n’y a pas là de quoi se rouler par terre. Keanu Reeves et Alex Winter eux-mêmes forcent délibérément le trait dans le rôle de ces lycéens stupides à la démarche simiesque et aux mimiques excessives, dont chaque réplique se termine quasi-systématiquement par un « dude ! ». Et si l’utilisation d’une cabine téléphonique pour traverser les époques évoque irrésistiblement la série Doctor Who, les scénaristes avouent que c’est un hasard complet : à l’époque de l’écriture du film, ils ignoraient tout du célèbre show télévisé britannique. Sans doute est-ce ce manque de prétention et cette légèreté qui rendent le film finalement si sympathique malgré ses nombreuses faiblesses. Succès surprise de l’année 1989, L’Excellente aventure de Bill et Ted rapporta plus de six fois sa mise de départ (un budget de 6,5 millions de dollars) et entraîna deux suites : Les Folles aventures de Bill et Ted en 1991 et Bill & Ted sauvent l’univers en 2020.

 

© Gilles Penso

 

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