DARK CRYSTAL (1982)

Le créateur du Muppet Show nous offre un long-métrage unique au monde qui révolutionne l’imagerie du cinéma de fantasy…

THE DARK CRYSTAL

 

1982 – USA / GB

 

Réalisé par Jim Henson et Frank Oz

 

Avec Jim Henson, Frank Oz, Kathryn Mullen, Dave Goelz, Steve Whitmire, Louise Gold, Brian Muehl, Bob Payne, Mike Quinn, Tim Rose

 

THEMA HEROIC FANTASY

Né dans le Mississippi en 1936, Jim Henson dévore les shows télévisés mettant en scène des marionnettistes et des ventriloques. Lorsqu’il invente Kermit la grenouille à 21 ans, il passe à son tour de l’autre côté du petit écran. En s’associant à Frank Oz, il crée bientôt toute une galerie de personnages aux traits empruntés aux animaux les plus divers qu’il met en vedette dans l’émission Sesame Street en 1969, avant de lancer en 1976 le célèbre Muppet Show. C’est à peu près à cette période que s’esquissent les premières idées de Dark Crystal, un long-métrage qui sera entièrement réalisé avec des marionnettes animées en direct pendant le tournage. Henson est l’auteur de l’histoire du film, dont il assure la production et la coréalisation avec Frank Oz, tout en interprétant plusieurs personnages par marionnettes interposées. Il confie à David Odell (son fidèle collaborateur sur les scripts des Muppets) l’écriture du scénario et à Brian Froud (un artiste spécialisé dans la fantasy) la mise en forme dessinée de ses folles idées. Si Dark Crystal est conçu comme un spectacle familial, Henson tient à le teinter d’une noirceur et d’une gravité héritées des contes des frères Grimm. En ce sens, la tonalité du film s’éloigne considérablement des facéties parodiques du Muppet Show. Les préparatifs de Dark Crystal nécessitent un savoir-faire très spécifique, notamment la construction de pas moins de 70 espèces animales imaginaires. Des sessions permanentes de formation sont dirigées par Henson lui-même pour les douzaines de marionnettistes nécessités par le film, cinq ou six d’entre eux étant parfois accaparés par une seule créature.

Nous voilà plongés dans le monde fantaisiste de Thra. Autrefois, de grands penseurs dirigeaient ce pays, depuis un château où brillait le Grand Cristal aussi puissant que les trois soleils de ce monde. Mais un jour ce cristal s’ouvrit puis s’assombrit. Alors commença le règne des Skeksis. Cette race maléfique de monstres griffus et bossus, dont la morphologie combine le rapace, le rat et le crocodile, attend avec impatience « la conjonction », un étrange événement astrologique qui immortaliserait leur pouvoir. Mais ils craignent aussi une certaine prophétie dont l’accomplissement verrait la race des Gelflings, des elfes paisibles, s’emparer de leur dynastie. Pour parer à cette menace, les Skeksis éliminent cruellement tous les Gelflings. Pourtant l’un d’eux, Jen, parvient à leur échapper et se réfugie chez un clan de Mystics, des êtres sages et anciens en communion avec la nature. Lorsque son maître à penser Ursu arrive à la fin de sa vie, Jen se met en quête de l’éclat de cristal qui permettra de renverser le règne des Skeksis…

Puppet Masters

Incroyablement inventif, Dark Crystal ne connaît pas d’équivalent dans l’histoire du cinéma. Une folle sarabande de personnages fantasmagoriques s’y anime face aux yeux sans cesse ébahis de spectateurs qui ne savent plus où donner de la tête. Au-delà des Skeksis, des Mystics et des Gelfins, il y a les effrayants soldats Garthims (des scarabées/crabes cuirassés), la vénérable Aughra (une prophétesse chevelue et ridée aux cornes de bélier et à l’œil amovible), les Podlings (un petit peuple amical au visage rondouillard), l’animal de compagnie Fizzgig (une affectueuse boule de poil à la gueule immense), les Nebreys (des amphibiens/poissons/chenilles colossaux), les voyageurs des plaines (des montures aux pattes immenses et au faciès de mammifère marin), les chauve-souris de cristal (qui agissent comme des « caméras de surveillance » volantes pour les Skeksis), le tout dans un environnement foisonnant où la faune et la flore se confondent, où les rochers avalent les petites bêtes et où les plantes se déplacent. Car dans ce monde fantastique, rien ne semble être ce qu’il est, tout est vivant. Au beau milieu de la quête désespérée de Jen, le montage intercale la vision obsédante de la lente procession des Mystics, avançant pesamment vers le château des vils reptiles, jusqu’à un final grandiose qui remet en perspective tous les éléments du récit. Somptueux, audacieux, révolutionnaire, Dark Crystal remportera en 1983 un grand prix bien mérité au Festival d’Avoriaz.

 

© Gilles Penso


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