Pour clore la trilogie amorcée en 2009, J.J. Abrams cède le pas à un grand spécialiste du cinéma d’action, pilier de la saga Fast and Furious…
STAR TREK BEYOND
2016 – USA
Réalisé par Justin Lin
Avec Chris Pine, Zachary Quinto, Karl Urban, Zoe Saldana, Simon Pegg, John Cho, Anton Yelchin, Idris Elba, Sofia Boutella
THEMA SPACE OPERA I FUTUR I SAGA STAR TREK
Pour les amateurs de Star Trek, 2016 est une année très spéciale puisqu’elle célèbre les cinquante ans de la saga inventée par Gene Roddenberry. Pour marquer le coup, un troisième épisode consacré à la franchise telle qu’elle fut réinventée en 2009 par J.J. Abrams s’impose. Mais à l’époque, le prolifique scénariste / producteur / réalisateur est pris par d’autres engagements : il doit en effet diriger Le Réveil de la Force, qui marque le retour en fanfare de Star Wars sur les grands écrans. Abrams conserve donc son poste de producteur sur Star Trek : sans limites mais doit céder le pas à un autre metteur en scène. Reste à savoir qui. De nombreux noms familiers avec le fantastique et la science-fiction circulent alors, d’Edgar Wright (Shaun of the Dead) à Rupert Wyatt (La Planète des singes : les origines) en passant par Morten Tyldum (Passengers), Daniel Espinosa (Life), Duncan Jones (Moon) ou encore le scénariste Roberto Orci. Contre toute attente, c’est finalement Justin Lin qui est sélectionné par la Paramount. Réalisateur de plusieurs films de la franchise Fast and Furious, ce spécialiste de l’action musclée était-il le choix le plus judicieux ? Toutes les craintes étaient permises, mais face au résultat final, comment ne pas s’enthousiasmer ?
Pour faire démarrer le film sur une note décalée et mouvementée, le prologue de Star Trek : sans limites nous transporte sur une planète lointaine où le capitaine Kirk tente en vain d’agir à titre d’ambassadeur pour conclure un traité de paix entre deux peuples ennemis, sa démarche diplomatique s’achevant par l’attaque d’une horde d’aliens miniatures hargneux, sortes de Gremlins boursouflés aux allures de batraciens. Kirk parvient à se faire téléporter à bord de l’Entreprise avant que les choses ne dégénèrent. Cette entrée en matière n’est pas un simple prétexte. Elle contient en effet un élément qui s’apprête à jouer un rôle crucial dans la suite des événements. En outre, elle renforce le sentiment de lassitude qui s’est emparé de Kirk, en proie à des questionnements profonds sur le sens réel de la Fédération, alors que sa fameuse mission spatiale dure depuis trois ans et que son anniversaire approche. Cette petite vague de spleen est compensée par un constat : son équipage est l’un des meilleurs du monde. Avant une prochaine mission, l’Enterprise fait escale sur la toute nouvelle base édifiée par la Fédération. De là, son équipe et lui acceptent une mission de sauvetage qui les entraînera au cœur d’une nébuleuse. Mais c’est un piège…
Rapide et furieux
Lorsque le majestueux Enterprise s’élève dans le cosmos pour sa nouvelle épopée, Justin Lin nous offre une séquence d’action extrêmement impressionnante, le vaisseau spatial étant littéralement pulvérisé par une force armée extra-terrestre qui le déchiquète de toutes parts. A partir de ce tournant, le rythme ne se relâche plus. Le film se mue alors en une sorte de tour en grand 8 à couper le souffle. Le choix de Justin Lin derrière la caméra prend alors tout son sens, même si celui-ci évite fort heureusement les tics de la saga Fast and Furious pour se conformer à l’univers visuel défini par J.J. Abrams. Du coup, Star Trek : sans limites prend la suite de Star Trek et de Star Trek Into Darkness avec fluidité, tout en s’affirmant ouvertement comme l’épisode le plus nerveux, le plus mouvementé, le plus « rapide et furieux » de la trilogie. Pour nourrir ses ambitions, Lin déploie de nombreuses idées visuelles inédites, comme l’essaim de vaisseaux acérés qui percent les coques de ceux qu’ils abordent, les hologrammes multiples qui trompent l’adversaire, la téléportation en plein saut dans le vide ou encore la vertigineuse poursuite sur la station de Yorktown (un monde futuriste dont l’architecture sens dessus dessous semble vouloir démultiplier en volume le symbole infini, d’où un titre français plutôt judicieux). Pour sacrifier à l’esprit rock’n roll qui anime la plupart de ses longs-métrages, le réalisateur ose même intégrer dans le scénario l’usage d’un morceau de musique agressif (« Sabotage » des Beastie Boys) pour perturber le signal des vaisseaux ennemis. Star Trek : sans limites est dédié aux mémoires de Leonard Nimoy (décédé en février 2015 pendant les préparatifs du film) et d’Anton Yelchin (disparu en juin 2016, peu de temps avant sa sortie en salle).
© Gilles Penso
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