MEN IN BLACK (1997)

Tommy Lee Jones et Will Smith sont embauchés par une agence secrète qui surveille l’immigration clandestine d’extra-terrestres sur notre planète…

MEN IN BLACK

 

1997 – USA

 

Réalisé par Barry Sonnenfeld

 

Avec Will Smith, Tommy Lee Jones, Linda Fiorentino, Vincent d’Onofrio, Rip Torn, Tony Shalhoub, Siobhan Fallon, Mike Nussbaum, Jon Gries

 

THEMA EXTRA-TERRESTRES I SAGA MEN IN BLACK

Ceux qui s’intéressent de près au phénomène des ovnis sont familiers avec la figure des « hommes en noir ». Un nombre non négligeable de témoins d’objets volants non identifiés affirme en effet avoir reçu la visite d’individus aux allures et aux comportements étranges, tout de noir vêtus. Ces caricatures d’agents secrets les auraient menacés très explicitement en leur conseillant de ne révéler à personne ce qu’ils avaient vu. Ces hommes en noir seraient-ils de simples affabulations ou des agents de la CIA adoptant un comportement insolite afin d’étudier la réaction des témoins face à l’irrationnel tout en s’assurant que personne ne puisse prendre leur témoignage au sérieux ? Le mystère reste entier, et servira d’inspiration au scénariste Lowell Cunningham pour la création d’une série de comics dessinés par Sandy Carruthers, « The Men in Black ». Publiée à partir de 1990, cette BD connaît un succès important et attire bientôt Hollywood. Grâce au succès de ses deux Famille Addams, Barry Sonnenfeld est assez rapidement pressenti pour en diriger une adaptation à grand spectacle. Le réalisateur accepte à condition de remplacer la tonalité sombre et violente du comics original par un esprit joyeux, exubérant et coloré. Il vend d’ailleurs le projet au producteur exécutif Steven Spielberg en des termes curieux : « une version comique de French Connection avec des extra-terrestres ». On ne peut s’empêcher de penser aussi aux Blues Brothers, même si la costumière Mary Vogt fera tout pour s’éloigner des célèbres tenues noires portées par John Belushi et Dan Aykroyd.

 

Le générique de début nous embarque immédiatement dans le rythme effréné du film, suivant les envolées frénétiques d’une libellule sur le tempo nerveux d’une partition survoltée de Danny Elfman. L’insecte finit par se crasher sur un pare-brise et le chauffeur s’écrie « satanées bestioles ! ». Le sujet du film est déjà là, quoiqu’à l’état embryonnaire. Car ce sont bien des bêtes aux allures d’insectes qui vont donner maille à partir à nos héros. Pince sans rire, Tommy Lee Jones incarne Kay, un « homme en noir » chargé d’enquêter sur les sites d’activités extra-terrestres, de lutter contre les aliens clandestins et d’effacer la mémoire de tous les témoins humains à l’aide d’un flash provocateur d’amnésies. En quête d’un nouvel agent après le départ à la retraite de son co-équipier, Kay jette son dévolu sur un jeune policier new yorkais fougueux (Will Smith) qui vient justement de faire une rencontre du troisième type en coursant un fugitif à l’agilité résolument non humaine. Cette recrue n’est ni très rigoureuse, ni très respectueuse de l’autorité, mais son instinct sans faille le dote d’un atout inestimable. Voilà donc nos deux Men in Black, l’un aguerri, l’autre « chien fou », qui jouent le refrain connu du « buddy movie » en partant à la chasse aux voyous intergalactiques…

 

Y’a un bug !

Men in Black s’appuie d’abord sur une mécanique scénaristique liée à la divergence des points de vue : Tommy Lee Jones est presque blasé de voir des extra-terrestres partout, ne s’étonnant plus de rien, tandis que Will Smith va de surprise en surprise. C’est donc à lui que les spectateurs s’identifient naturellement. Smith aurait visiblement rechigné initialement à l’idée de lutter une fois de plus contre des aliens, un an à peine après Independence Day. Mais force est de reconnaître que le traitement de Barry Sonnenfeld n’a rien à voir avec celui de Roland Emmerich. Ici, tout est prétexte aux gags absurdes, aux séquences d’action cartoonesques et au comique de situation. Il faut bien sûr souligner le travail prodigieux de Rick Baker, chargé de concevoir les extra-terrestres les plus étonnants possibles. Tout juste oscarisé pour les maquillages spéciaux du Professeur Foldingue, Baker nous offre de l’inédit : un « clandestin » qui tient une tête humaine au bout d’une perche, un receleur dont la tête repousse après avoir explosé, des « gremlins-criquets » amateurs de café, des cyclopes tentaculaires secrétaires, un bébé céphalopode, un alien miniature dissimulé dans une tête robotisée, tous les délires sont permis. Le maestro des effets spéciaux connait cependant une déconvenue liée à la séquence finale, mettant en scène une créature géante baptisée Edgar Bug. « Nous avions construit un Edgar Bug animatronique géant qui, selon moi, ne ressemblait pas assez à un insecte, mais dont la production avait approuvé le design », raconte-t-il. « Le jour du tournage, nous avons amené notre marionnette sur le plateau, nous avons tout installé, puis les gens de la production sont arrivés et m’ont dit qu’ils ne le filmeraient pas, que tout serait réalisé en image de synthèse parce qu’il ne ressemblait pas assez à un insecte ! » (1) Ce coup dur est symbolique d’une période où le tout-numérique commençait peu à peu à supplanter les bons vieux effets spéciaux à l’ancienne. C’est dommage, car malgré son dynamisme, le climax de Men in Black aurait sans doute eu un cachet bien différent avec un monstre animatronique du grand Rick Baker.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en juin 2010

 

© Gilles Penso


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