UNDERWORLD BLOOD WARS (2016)

Ce cinquième épisode transporte la vampire Selene jusque dans le Grand Nord pour fuir la menace des Lycans…

UNDERWORLD BLOOD WARS

 

2016 – USA / RÉPUBLIQUE TCHÈQUE

 

Réalisé par Anna Foerster

 

Avec Kate Beckinsale, Theo James, Lara Pulver, Tobias Menzies, Bradley James, Peter Andersson, James Faulkner, Clementine Nicholson, Charles Dance

 

THEMA VAMPIRES I LOUPS-GAROUS I SAGA UNDERWORLD

La fin très ouverte d’Underworld : Nouvelle ère appelait logiquement une suite. Elle ne se concrétisa que quatre ans plus tard sous la direction d’Anna Foerster, ancienne directrice de la photographie et réalisatrice de plusieurs épisodes d’Esprits criminels et Outlander attaquant là son premier long-métrage. Même si l’intrigue se raccorde de près à celle du film précédent, l’atmosphère futuriste et dictatoriale s’est complètement estompée. Disparus l’état policier, les soldats armés qui coursent les monstres ou encore les scientifiques qui cherchent à éradiquer le fléau. C’est à peine si les humains montrent le bout de leur nez dans ce film. Ils étaient pourtant omniprésents dans Underworld : Nouvelle ère et représentaient les antagonistes principaux. Mais ce cinquième opus change de cap en les faisant sortir de l’équation pour ne s’intéresser qu’aux créatures surnaturelles. L’histoire imaginée par Cory Goodman (Le Dernier chasseur de sorcières) et Kyle Ward (Machete Kills) se concentre sur la lutte séculaire entre les hommes-loups et les suceurs de sang, évacuant du même coup les éléments qui permettaient à la saga de se renouveler. Ce traitement exhale fatalement un sentiment de déjà-vu. De fait, Underworld Blood Wars marque un net essoufflement et un infléchissement qualitatif de la franchise Underworld.

Épaulée cette fois-ci par le vampire David (Theo James), Selene redevient l’enjeu d’un nouvel affrontement entre les suceurs de sang et les Lycans. Ces derniers, menés par le redoutable Marius (Tobias Menzies), cherchent à mettre la main sur sa fille Eve, qui a disparu sans laisser de trace et dont le sang pourrait leur permettre de se muer en une armée d’hybrides indestructibles. Les vampires, quant à eux, se réfugient dans leurs derniers bastions. Sous l’impulsion de Thomas (Charles Dance) et de Semira (Lara Pulver), membres du conseil, ils décident d’accorder à Selene une grâce, malgré le meurtre du vénérable Viktor, et de l’intégrer dans leur rang afin de bénéficier de sa toute-puissance. Sa mission sera de former les apprentis guerriers afin de préparer la guerre inévitable contre les Lycans. Mais rien ne va se passer comme prévu…

Fin de règne

Ici, la fracture sociale qui sépare les vampires des loups-garous s’agrandit plus que jamais. C’est sans conteste l’aspect le plus intéressant du film. Les premiers, aristocrates en fin de règne, festoient dans un château et se raccrochent désespérément à leurs ultimes privilèges. Les seconds errent dans les bas-quartiers et dans les docks, se livrant à des combats de rue pour se distraire en attendant de mener leur révolution. Tandis que les vampires refusent le changement, s’accrochant à leurs sacro-saintes traditions séculaires, les Lycans cherchent à évoluer et à s’adapter. Quant à Selene et David, ils sont pris entre deux feux. Lorsque les héros se dirigent vers la forteresse nordique de Var Dohr, la direction artistique change, teintant les ténèbres de blanc, et l’influence de Game of Thrones s’affirme sans détour. Les guerres de clans, les secrets de famille, les héritiers inattendus, les trahisons, les révélations, les intrigues à la cour prennent ainsi le pas sur le récit. Trois membres du casting (Charles Dance, James Faulkner et Tobias Menzies) sont d’ailleurs des transfuges de la célèbres série tirée des écrits de George R. R. Martin. Mais cette source d’inspiration manifeste ne rend pas le film plus palpitant, d’autant que les combats manquent la plupart du temps de souffle épique, la surcharge d’images de synthèse sacrifiant souvent la tangibilité physique des corps à corps. Le film reste bien mené, réalisé avec soin, généreux en rebondissements, mais l’on sent bien que le concept est en bout de course.

 

© Gilles Penso


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