LES VAMPIRES DU DOCTEUR DRACULA (1968)

Le premier d’une longue série de films dans lesquels l’acteur espagnol Paul Naschy incarne le loup-garou Waldemar Daninsky…

LA MARCA DEL HOMBRE LOBO

 

1968 – ESPAGNE

 

Réalisé par Enrique Lopez Eguiluz

 

Avec Paul Naschy, Dyanik Zurakowska, Manuel Manzaneque, Julian Ugarte, Aurora de Alba, Rossana Yanni, Gualberto Gualban, Jose Nieto, Carlos Casaravilla

 

THEMA LOUPS-GAROUS I VAMPIRES I SAGA WALDEMAR DANINSKY

Grand fan des films de monstres d’Universal en général et du Loup-garou avec Lon Chaney en particulier, l’acteur ibérique Paul Naschy (de son vrai nom Jacinto Molina) incarna à maintes reprises un lycanthrope nommé Waldemar Daninsky, appelé à tenir la vedette de nombreux films d’épouvante rocambolesques multipliant les monstres à loisir, comme au bon vieux temps d’Erle C. Kenton. La Marca del Hombre Lobo est le premier de cette série, affublé d’un titre français à côté de la plaque : Les Vampires du docteur Dracula ! Il y a certes des médecins vampires dans ce film, mais Dracula y brille par son absence. Les suceurs de sang restent d’ailleurs à l’arrière-plan, le véritable sujet du film étant le mythe du loup-garou. Sur le continent américain, le titre choisi est encore plus incongru puisqu’il s’agit de Frankenstein’s Bloody Terror, autrement dit « la terreur sanglante de Frankenstein » ! Il y a tout de même une explication derrière cette appellation hors-sujet. Le producteur Samuel M. Sherman avait en effet promis à ses distributeurs un double-programme consacré à Frankenstein. Or il ne put respecter que la moitié de son engagement, leur livrant l’inénarrable Dracula vs Frankenstein d’Al Adamson. Pour ne pas perdre la face, Sherman fit l’acquisition de La Marca del Hombre Lobo, le rebaptisa Frankenstein’s Bloody Terror, ajouta un prologue rattachant artificiellement l’histoire au mythe créé par Mary Shelley et le tour était joué ! En VHS, le film eut droit chez nous à un titre alternatif : Manwolf, le seigneur de la nuit.

Traversant allègrement les frontières, Paul Naschy est donc un acteur espagnol qui utilise un pseudonyme aux tonalités germanisantes pour incarner un Polonais taciturne, le bien nommé Waldemar Daninsky. Il promène sa silhouette énigmatique dans la campagne d’un village d’Europe de l’est et joue un peu les trouble-fête pendant un bal masqué célébré par deux notables qui espèrent bien marier leurs enfants : Rudolph Weissmann (Manuel Manzaneque) et la comtesse Janice von Aarenberg (Dyanik Zurakowska). En accordant une danse à la jeune promise, Daninsky semble faire chavirer son cœur, ce qui provoque l’agacement bien compréhensible de Rudolph. Mais il y a plus grave. Un couple de gitans éméchés vient en effet passer la nuit dans un château abandonné. Attirés par la croix d’argent fichée dans le cadavre parfaitement conservé d’un dénommé Imre Wolfstein, ils la retirent et ce qui devait arriver arrive : la créature revient à la vie, se transforme en loup-garou, massacre les pillards puis ravage le village voisin. Persuadés qu’une meute de loup est responsable du carnage, les chasseurs du coin organisent une grande battue. Mais Daninsky n’est pas dupe. Attaqué par Wolfstein en pleine nuit, le malheureux est atteint à son tour de lycanthropie. « J’ai perdu mon âme et ma vie » se lamentera-t-il auprès de Rudolph dont il a sauvé la vie et qui accepte donc de garder son secret…

Du poil de la bête

Si Paul Naschy ne déborde guère de charisme dans la peau du ténébreux Waldemar et si sa romance avec Janice semble un peu traitée par-dessus la jambe (rien n’explique vraiment pourquoi ni comment la jeune femme s’éprend soudain de lui au mépris des sentiments qu’elle éprouve pour Rudolph), le traitement du penchant lycanthropique de notre anti-héros est la grande réussite du film. Son maquillage soigné s’inspire naturellement de celui conçu par Jack Pierce pour Lon Chaney Jr (dans Le Loup-garou) mais aussi de celui de Roy Ashton pour Oliver Reed (dans La Nuit du loup-garou), Naschy présentant plusieurs points communs physiques avec ces deux acteurs au visage rond et au corps trapu. Les métamorphoses elles-mêmes sont visualisées avec une certaine originalité, notamment dans un faux plan-séquence (grâce à un filtre déformant qui permet de passer d’une étape à l’autre) ou en ombre portée sur le mur d’une crypte. L’apparition des vampires Janos et Wandessa, qui entrent en scène à mi-parcours du métrage de manière très dramatique dans les épaisses fumées d’une locomotive, permet de relancer l’intrigue habilement. Car dès lors le loup-garou devient le seul rempart contre leurs maléfiques manœuvres de séduction à l’encontre des jeunes héros. Animé d’une bestialité impressionnante dans le rôle du lycanthrope, Naschy sort donc les griffes et les crocs pour rétablir la situation, jusqu’à un final tragique. Le film suivant de la série, Las Noches del Hombre Lobo, a totalement disparu aujourd’hui, à tel point que certains doutent même de son existence. Le second épisode officiel de la saga est donc Dracula contre Frankenstein.

 

© Gilles Penso


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