FANTOMAS SE DÉCHAÎNE (1965)

Jean Marais et Louis de Funès crèvent une seconde fois l’écran dans cette parodie gorgée de science-fiction et de gags visuels…

FANTOMAS SE DÉCHAÎNE

 

1965 – FRANCE / ITALIE

 

Réalisé par André Hunebelle

 

Avec Louis de Funès, Jean Marais, Mylène Demongeot, Jacques Dynam, Robert Dalban, Albert Dagnant, Christian Toma, Michel Duplaix, Olivier de Funès

 

THEMA SUPER-VILAINS I ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION I SAGA FANTOMAS

Conçu majoritairement à la gloire de Jean Marais, de son art de la métamorphose et de son audace le poussant à exécuter de nombreuses cascades lui-même, le Fantomas d’André Hunebelle avait été presque « parasité » de l’intérieur par un trublion qui n’était initialement qu’un second rôle : Louis de Funès. Son personnage de commissaire Juve n’était d’ailleurs pas prévu dans ce second épisode. Mais entre-temps, Le Gendarme de Saint-Tropez et Le Corniaud ont transformé De Funès en superstar. Impossible de se passer d’un tel atout dans Fantomas se déchaîne. Le personnage de Juve est donc réintégré dans le scénario et devient même le personnage principal, au grand dam d’un Jean Marais s’offusquant d’être relégué au second plan à cause d’un clown ! De Funès est désormais tout-puissant, imposant même son fils Olivier dans un petit rôle. L’apprenti-acteur jouera en tout six fois aux côtés de son père, avant d’abandonner le cinéma pour une carrière lui seyant mieux. Il deviendra pilote de ligne. Fantomas se déchaîne se centre donc sur les élucubrations du petit policier nerveux, s’ouvrant d’abord sur un générique en dessin animé qui résume les péripéties du film précédent tandis qu’explosent les cuivres du big band du compositeur Michel Magne.

Quand le film commence, le commissaire Juve reçoit la Légion d’Honneur pour être venu à bout de Fantomas. Or ce dernier choisit justement ce moment solennel pour refaire des siennes. Ses hommes vêtus de combinaisons antiradiations kidnappent le professeur Marchand (Albert Dagnant) et s’échappent à l’aide d’un petit véhicule blindé et robotisé qui détruit tout sur son passage. Ridiculisé, Juve décide de réviser ses méthodes à l’aide de gadgets dernier cri inspirés évidemment de ceux de James Bond, notamment un cigare-pistolet et un troisième bras propice à une infinité de gags à répétition. Si Marchand intéresse tant Fantomas, c’est parce qu’il a mis au point avec son confrère le professeur Lefèvre un procédé hypnotique permettant de prendre le contrôle du cerveau humain. Il est donc évident que le super-vilain au masque bleu va maintenant s’efforcer de kidnapper Lefèvre. Le reporter Fandor décide donc de se faire passer pour lui afin de servir d’appât pendant un congrès scientifique qui se tient en Italie. Étant donné que Fantomas se déguise lui aussi en Lefèvre et que le vrai scientifique décide de se rendre sur place à son tour, les quiproquos vont bon train, d’autant que c’est Jean Marais qui incarne les trois « sosies ».

En avance sur James Bond

Dans ce second opus, le grimage n’est plus le seul apanage de Fantomas. Louis de Funès se prête en effet lui-même volontiers au jeu du déguisement, se muant tour à tour en vieux militaire, en employé ferroviaire, en curé ou en pirate. Pour ne pas rester dans l’ombre, Jean Marais participe activement à bon nombre de bagarres musclées au cours desquelles il donne beaucoup de sa personne, même si les actions les plus dangereuses nécessitent une doublure, en l’occurrence Gil Delamare. L’acteur a désormais passé la cinquantaine et se doit d’être prudent, réglant lui-même les cascades avec son vieux complice Claude Carliez. Plus exubérant encore que le film précédent, Fantomas se déchaîne bâtit son climax dans le repaire du vilain, édifié dans une ancienne cité oubliée sur le versant d’un volcan (avec en insert des images d’éruptions empruntées au film Les Rendez-Vous du Diable de Haroun Tazieff). Ce splendide décor délicieusement sixties, conçu par Max Douy, annonce la tanière de Blofeld dans On ne vit que deux fois (qui sortira sur les écrans deux ans plus tard). Douy œuvrera d’ailleurs sur les décors de Moonraker en 1979. Quant au final mémorable, il prend lui aussi James Bond de court, puisque le grand méchant s’enfuit ici dans une voiture volante, comme le fera le vil Scaramanga à la fin de L’Homme au pistolet d’or. Cette « saga » ne pouvait s’arrêter en si bon chemin. Fantomas contre Scotland Yard achèvera donc la trilogie en 1967.

 

© Gilles Penso


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