HERCULE À NEW YORK (1970)

Pour ses premiers pas face à une caméra, Arnold Schwarzenegger incarne un demi-dieu mythologique juvénile et farceur…

HERCULES IN NEW YORK

 

1970 – USA

 

Réalisé par Arthur Allan Seidelman

 

Avec Arnold Schwarzenegger, Arnold Stang, Deborah Loomis, James Karen, Ernest Graves, Tanny McDonald

 

THEMA MYTHOLOGIE

Hercule à New York est le premier film mettant en vedette Arnold Schwarzenegger, alors tout juste âgé de 22 ans. Désireux depuis longtemps de faire son entrée à Hollywood, l’ambitieux culturiste autrichien vit jusqu’alors grâce à l’entreprise de maçonnerie qu’il a mise sur pied et participe à tous les concours de musculation qui passent à sa portée. Sous les encouragements du vétéran Reg Park (un célèbre culturiste ayant lui-même prêté sa silhouette au plus fameux des demi-dieux mythologiques dans Hercule à la conquête de l’Atlantide et Hercule contre les vampires), Schwarzenegger passe un casting pour Hercule à New York, mentant sur sa longue expérience théâtrale (inexistante) pour décrocher le rôle. Au vu de cet incroyable nanar, on se demande sincèrement comment l’ex-Mister Univers a pu s’en servir de starting block pour lancer sa carrière cinématographique. Tout dans ce film respire l’amateurisme à plein nez. Il faut dire que le réalisateur Arthur Allan Seidelman effectue là ses premiers pas derrière une caméra, que le budget de 300 000 dollars ne permet pas de faire des miracles et que les prises de vues dans la ville de New York sont effectuées « à l’arrache » sans la moindre autorisation.

La scène d’introduction, à elle seule, vaut son pesant de cacahuètes, car le réalisateur s’efforce de nous faire croire que nous sommes sur le Mont Olympe en filmant une poignée d’acteurs en toge dans un jardin public ! Parmi eux, le jeune Arnold, la tignasse blonde bien peignée et les pectoraux exagérément gonflés, incarne un Hercule jouvenceau qui s’ennuie ferme parmi les dieux. Zeus l’envoie donc sur Terre, en plein New York, et le scénario s’efforce alors d’exploiter deux ressorts comiques archi-classiques : le « poisson hors de l’eau » et le faire valoir idiot, assuré ici par un insupportable vendeur de bretzels à la voix éraillée. Bien vite, il apparaît que l’argument fantastique ne sert qu’à accumuler des gags ratés (notamment la vieille dame dans l’avion qui devient hystérique parce qu’elle a vu Hercule flotter dans les airs à travers son hublot), des bagarres à la Terence Hill et Bud Spencer, des concours d’athlétisme et de musculation (histoire de rentabiliser les talents physiques du grand Arnold), ou encore des scènes d’action sans envergure. Parmi celles-ci, on retiendra notamment la poursuite en char dans les rues de Manhattan, ou encore le combat d’Hercule contre un figurant vaguement costumé en ours. Pour couronner le tout, la mise en scène accumule les faux raccords et la bande son est saturée de musique folklorique grecque, façon Zorba !

« Arnold Strong »

Soucieux de récupérer son fils, Zeus envoie bientôt une poignée de dieux à ses trousses pour le ramener à la maison, ce que le brave Hercule ne souhaite guère car il a trouvé ici-bas l’âme sœur. Finalement revenu sur le trône olympien, notre protagoniste outrageusement musclé raconte ses aventures parmi les new-yorkais. Très intrigué, Zeus troque alors sa couronne de laurier contre un costume étriqué et vole découvrir les curiosités de Manhattan. Bref, c’est du grand n’importe quoi, et à part les amateurs d’humour involontaire ou les inconditionnels de Schwarzenegger, on se demande bien à qui s’adresse cet Hercule à New York. On note que le nom de l’acteur principal – alors inconnu du public et jugé imprononçable – fut modifié au générique. Schwarzy est donc crédité comme « Arnold Strong ». Par ailleurs, son accent autrichien étant alors très prononcé, il fut entièrement doublé dans le film par un comédien américain resté anonyme. Plus tard, le film ressortit en DVD et en Blu-Ray avec une piste audio alternative reprenant la prise de son originale. Pendant longtemps, Schwarzenegger avouera être embarrassé par ce film difficile à assumer. Honnêtement, on le comprend. Mais il faut bien commencer quelque part.

 

© Gilles Penso


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