VIRTUAL ENCOUNTERS (1996)

Pour venir à bout des inhibitions de sa petite-amie, un jeune homme lui offre une expérience virtuelle qui va bouleverser sa vie…

VIRTUAL ENCOUNTERS

 

1996 – USA

 

Réalisé par Cybil Richards

 

Avec Elizabeth Kaitan, Taylor St. Clair, Rob Lee, Micky Ray, Lori Morrissey, Jim Caciola, Jacqueline Lovell, Tricia Yen, Brittany Andrews

 

THEMA MONDES VIRTUELS ET MONDES PARALLÈLES I SAGA CHARLES BAND

Au milieu des années 90, les petites productions de Charles Band inondent abondamment le marché de la vidéo, à travers les labels Full Moon (les films d’horreur et de science-fiction) et Moonbeam (les aventures fantastiques tout public). Pour rajouter une corde à son arc, Band se laisse convaincre par l’un de ses acheteurs principaux, la chaîne de magasins Hollywood Video. Cette dernière lui fait savoir que les titres qui se louent ou se vendent le mieux sont les films érotiques façon Playboy ou Penthouse. Pourquoi ne pas s’engouffrer dans cette brèche en produisant des séries B fantastiques ou de science-fiction intégrant généreusement des séquences de nudité ? « Ce n’était pas une idée particulièrement séduisante pour moi, mais je n’étais évidemment pas étranger à la présence d’un peu de contenu sexuel dans mes films », confesse Charles Band. « De plus, j’avais déjà fait des contes de fées musicaux érotiques par le passé. Et si on pouvait ajouter un peu de science-fiction… » (1) Ainsi naît le label « Surrender Cinema », dans la lignée de la collection Torchlight pour laquelle Band avait produit Les Créatures de l’au-delà. Le premier film de cette nouvelle série est Virtual Encounters, dont la réalisation est confiée à la débutante Cybil Richards.

Michael (Rob Lee) est frustré par les inhibitions de sa petite-amie Amy (Elizabeth Kaitan), qui refuse de passer à l’acte sous prétexte qu’elle ne se sent « pas encore prête ». Le jour de son anniversaire, alors qu’il est en déplacement au Mexique pour trois jours, il lui offre « la surprise d’anniversaire ultime », autrement une carte de membre d’un luxueux club des rencontres virtuelles. Perplexe, Amy découvre un équipement futuriste étrange constitué d’un fauteuil, d’un clavier, d’un écran, d’un casque et d’une combinaison complète. Après avoir été scannée des pieds à la tête, elle empoigne le casque et s’exclame : « Je ressemble à une figurante dans un film de science-fiction à petit budget ! ». Sitôt qu’elle l’enfile, l’expérience commence. Elle consiste, on l’a compris, à vivre ses fantasmes les plus secrets et à réaliser ses désirs cachés. Les séquences contemplatives érotiques s’enchaînent alors, dans toutes les positions possibles et imaginables et dans les décors les plus variés : forêt tropicale minimaliste, chambre à coucher éclairée à la bougie, environnement zen, club de strip-tease pour policiers, caverne préhistorique, donjon sadomasochiste…

« La surprise d’anniversaire ultime »

Tout au long de l’expérience, une voix masculine suave guide Amy pas à pas. Elle finit par lui livrer le fond de ses pensées, comme si ces séances virtuelles avaient de véritables vertus thérapeutiques. Simple spectatrice, elle devient de plus en plus entreprenante en essayant toutes sortes de situations, y compris celles où elle change de sexe. Car dans les univers virtuels, tout semble possible. Dans le monde réel, ses inhibitions finissent naturellement par disparaître. La mission est donc accomplie : Michael est heureux et le spectateur a eu sa dose de doux frissons. Évidemment, Virtual Encounters n’a rien de palpitant mais il présente l’avantage de ne jamais nous tromper sur la marchandise. C’est un petit show érotique sans prétention, une collection de séquences de charme à l’érotisme généreux mais toujours soft. L’argument de science-fiction n’est bien entendu qu’un prétexte, mais il n’est finalement pas très éloigné de ce que la réalité virtuelle pourrait offrir comme expérience interactive aux amateurs de sensations ardentes. C’est déjà ce qu’évoquait à sa manière, sous l’angle comique, l’une des séquences mémorables mettant en scène Sylvester Stallone et Sandra Bullock dans Demolition Man. Ce sera le premier pas d’une série de films fantastiques coquins produits à la chaîne par le boulimique Charles Band.

 

(1) Extrait de l’autobiographie de Charles Band « Confessions of a Puppet Master » (2022).

 

© Gilles Penso


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