2000 MANIACS ! (1964)

L’inventeur du cinéma gore imagine un conte sanglant au cours duquel un groupe de touristes s’égare dans une petite ville de Floride…

2000 MANIACS !

 

1964 – USA

 

Réalisé par Herschell Gordon Lewis

 

Avec William Kerwin, Connie Mason, Jeffrey Allen, Ben Moore, Gary Bakerman, Jerome Eden, Shelby Livingston

 

THEMA FANTÔMES

Un an après le très sanglant Blood Feast, marquant officiellement les premiers pas du cinéma gore, le réalisateur Herschell Gordon Lewis décide de creuser le même sillon avec le bien nommé 2000 Maniacs ! dont le titre promet un programme réjouissant. Aussi étrange que ça puisse paraître, le scénario de ce nouveau délire saignant est largement inspiré par la comédie musicale « Brigadoon » de Lerner et Loewe, que Vincente Minelli adapta à l’écran en 1954 avec Gene Kelly et Cyd Charisse. Évidemment, passé à la moulinette de Lewis, le gentil conte féerique se transforme en jeu de massacre. Tourné en quinze jours au début de l’année 1964, 2000 Maniacs ! bénéficie d’un budget un peu plus confortable que Blood Feast, ce qui permet au réalisateur de soigner sa mise en scène et d’élargir ses ambitions. Sa petite équipe s’installe dans la ville de St. Cloud, en Floride, et bénéficie du soutien d’une grande partie des habitants et de la municipalité. Déjà héros de Blood Feast, William Kerwin et Connie Mason reviennent en tête d’affiche, cette dernière ayant entretemps fait la couverture du magazine Playboy puisqu’elle fut la playmate du mois de juin 1963.

À cause de panneaux de déviation installés par deux rednecks parfaitement caricaturaux (Gary Bakeman et Ben Moore), six touristes s’égarent dans une région perdue de Floride et se retrouvent dans le petit village de Pleasant Valley, en Géorgie. À leur arrivée, ils sont chaleureusement accueillis par les habitants et présentés au maire de la ville, Earl Buckman (Jeffrey Allen). Les touristes sont invités à être des invités d’honneur pour la célébration du centenaire de la ville, alors en pleins préparatifs. Le maire promet de leur offrir des chambres d’hôtel gratuites, de la nourriture à foison et des divertissements pendant toute la durée de la fête. Comment refuser une telle proposition ? Mais les nouveaux venus ne tardent pas à s’apercevoir qu’il se passe quelque chose d’inquiétant et de mystérieux dans cette bourgade d’allure si sympathique. Tout bascule lorsque John (Jerome Eden) et Béa (Shelby Livingstone) sont brutalement assassinés. Un horrible piège se referme alors sur le petit groupe qui comprend que les habitants ne sont que des spectres malfaisants, revenus à la vie pour célébrer à leur manière une sanglante vengeance !

Maniaques d’outre-tombe

Mieux écrit et mieux réalisé que Blood Feast, 2000 Maniacs ! continue à cultiver les gimmicks du Grand-Guignol en ménageant quelques passages gore mémorables. Le plus gratiné d’entre eux montre le découpage méthodique d’une victime féminine pour les préparatifs d’un futur barbecue : d’abord le pouce au couteau puis le bras entier à la hache… Les autres meurtres, tout aussi spectaculaires, sont montrés moins explicitement : un homme écartelé par quatre chevaux, un autre percé par des clous dans un tonneau jeté du haut d’une colline ou encore une femme écrasée par un gros rocher. Le film prend un peu plus de temps que Blood Feast pour développer son intrigue et pour détailler sa galerie de villageois insolites revenus d’outre-tombe. Il faut bien reconnaître que l’interprétation n’est pas le point fort du film et que le couple incarné par Willliam Kerwin et Connie Mason n’a pas une once de crédibilité. La musique, signée H.G. Lewis, laisse la part belle aux balades country, en particulier pendant la veillée autour du barbecue humain. Malgré son extrême linéarité et ses temps morts, le scénario de 2000 Maniacs ! égrène quelques idées inventives et une poignée de scènes de suspense réussies, comme celle de l’enfant qui cherche désespérément des clefs de voiture. Principalement projeté à travers le réseau des cinémas de drive-in en plein air, 2000 Maniacs ! a remporté un succès très honorable, notamment dans le sud des États-Unis, et a même fait l’objet d’un remake en 2005 sous le titre de 2001 Maniacs.

 

© Gilles Penso


Partagez cet article