BELPHÉGOR OU LE FANTÔME DU LOUVRE (1965)

Panique sur Paris : un être fantomatique erre dans les galeries du musée du Louvre et commet ses forfaits en toute impunité…

BELPHÉGOR OU LE FANTÔME DU LOUVRE

 

1965 – FRANCE

 

Créée par Claude Barma

 

Avec Juliette Gréco, Isaac Alvarez, Yves Rénier, Christine Delaroche, René Dary, François Chaumette, Sylvie, Paul Crauchet, Marguerite Muni, René Alone

 

THEMA FANTÔMES

Au milieu des années 60, une révolution débarque sur les petits écrans français : un feuilleton étrange, haletant, mystérieux, drôle et inquiétant, bourré de rebondissements invraisemblables, de surréalisme et de séquences de suspense intenses. Entre le 6 et le 27 mars 1965, pas moins de dix millions de téléspectateurs restent scotchés devant leur poste pour ne pas perdre une miette de Belphégor, à une époque où moins de la moitié de la population possède un téléviseur. Chaque semaine, la question se répand comme une traînée de poudre dans toutes les villes et tous les villages de l’hexagone : qui se cache derrière le masque de Belphégor ? L’auteur de ce phénomène sans précédent est Claude Barma, scénariste et réalisateur vétéran de la télévision depuis ses premiers balbutiements à la fin des années 40. « Belphégor » est d’abord un roman à épisodes d’Arthur Bernède, publié une première fois dans le journal « Le Petit Parisien » en 1927, parallèlement à sa première adaptation à l’écran sous forme d’un long-métrage muet en quatre parties signé Henri Desfontaines. Lorsque Barma décide de s’emparer à son tour de ce récit à aux confluents du policier et du fantastique, il en confie le scénario à Jacques Armand (Croquemitoufle, Le Rideau rouge, La Grande Bretèche, L’inspecteur Leclerc enquête).

Nous sommes à Paris, au cœur de l’été 1964. Une nuit, dans les salles d’antiquités égyptiennes du Musée du Louvre, le gardien Gautrais (Paul Crauchet) entend un étrange bruit mécanique puis voit apparaître un individu fantomatique, engoncé dans une longue robe noire et portant un masque de cuir, qui s’intéresse de près à la statue du dieu Belphégor. Gautrais lui tire dessus sans parvenir à l’arrêter. Son témoignage ne convainc pas grand-monde, d’autant que son entourage a pris l’habitude de le surnommer « Glouglou » à cause de son penchant notoire pour la bouteille. Les dirigeants du Louvre préférant éviter toute mauvaise publicité, ils ne préviennent pas la police et doublent l’effectif des gardiens la nuit suivante. Mais le lendemain matin, leur chef est retrouvé assassiné. Un jeune étudiant, André Bellegarde (Yves Rénier, plusieurs années avant de devenir l’Inspecteur Moulin), décide de percer ce mystère. Il mène donc l’enquête avec le commissaire Ménardier (René Dary) dont la fille Colette (Christine Delaroche) ne le laisse pas indifférent.

Charme, mystère et addiction

Alors que le mystère s’épaissit, il est difficile de ne pas se prendre au jeu de ce feuilleton incroyablement addictif malgré des scénarios qui mettent souvent à mal notre suspension d’incrédulité. Car l’atmosphère anxiogène de ces quatre épisodes de 70 minutes (plus tard redécoupés sous forme de 13 épisodes de 26 minutes), la somptueuse photographie achrome de Jacques Lemare, la musique envoûtante d’Antoine Duhamel ou les décors somptueux de Maurice Valay (contraint de reproduire en studio les galeries du Louvre, le prestigieux musée n’ayant pas autorisé l’équipe de tournage à s’installer entre ses murs) frappent l’imagination avec une force quasiment hypnotique. La présence de l’actrice/chanteuse Juliette Gréco, dans le double rôle de Laurence Borel et de sa sœur jumelle Stéphanie Hiquet, participe grandement au charme suranné de cette série unique en son genre. Il y aura d’autres adaptations ultérieures plus ou moins proches du matériau littéraire original, comme le long-métrage La Malédiction de Belphégor de Georges Combret et Jean Maley en 1967, la série animée Belphégor de Gérard Dupeyrot en 2001 ou le très dispensable Belphégor, le fantôme du Louvre de Jean-Paul Salomé en 2001. Mais aucune n’a su raviver la magie troublante du feuilleton de Claude Barma.

© Gilles Penso


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