CHRONIQUES MARTIENNES (1980)

Cette ambitieuse adaptation télévisée du célèbre recueil de nouvelles de Ray Bradbury raconte l’arrivée sur Mars des Terriens du futur…

THE MARTIAN CHRONICLES

 

1980 – USA

 

Réalisé par Michael Anderson

 

Avec Rock Hudson, Gayle Hunnicut, Fritz Weaver, Roddy Mac-Dowall, Bernie Casey, Barry Morse, Darren Mac-Gavin, Christopher Connelly, Nyree Dawn Porter, Maria Schell, Laurie Holden, Nicholas Hammond

 

THEMA FUTUR I EXTRA-TERRESTRES

Parmi les adaptations à l’écran de l’œuvre de Ray Bradbury, celle de Fahrenheit 451 par François Truffaut en 1966 est peut-être la plus célèbre. Quatorze ans plus tard, c’est un autre best-seller de l’écrivain natif de Waukegan, dans l’Illinois, qui connait les honneurs d’un passage sur la petite lucarne : « Les Chroniques Martiennes », un recueil de nouvelles écrites entre 1945 et 1950 et qui demeure aujourd’hui l’une des principales références de la littérature de science-fiction en matière d’exploration martienne. Cette vingtaine de récits est ainsi retranscrite sous la forme de trois téléfilms d’environ une durée de 100 mn chacun. Pour coller à l’actualité de l’époque, le premier épisode s’ouvre sur une reconstitution de l’arrivée bien réelle sur la planète rouge de la sonde Viking 1 de la NASA, posée sur Mars le 20 juillet 1976. Sa mission : déterminer si la quatrième planète du système solaire a été habitée ou non, ce que nous explique une voix off. Durant quelques instants, nous observons le petit engin atterrir puis scruter l’horizon aride et rouge de ce qui semble être un monde mort. Du moins en apparence car « les choses auraient été différentes si la sonde s’était posée seulement quelques kilomètres plus loin », ajoute soudainement la voix monocorde du narrateur. Les trois téléfilms nous content ainsi la conquête de Mars par les humains. Une conquête qui va entraîner la disparition de l’antique civilisation martienne avec l’arrivée massive des colons pour remodeler cette planète à leur image.

Le premier des trois téléfilms, titré « Les expéditions », réadapte les nouvelles « Février 1999 : Ylla », « Avril 2000 : la troisième expédition » (qui devient la seconde à l’écran) et « Juin 2001 : et la Lune toujours aussi brillante ». Les premiers explorateurs sont confrontés aux derniers représentants de la race martienne qui tentent désespérément de préserver leur monde en utilisant notamment différents subterfuges télépathiques. Les membres d’équipage des deux premières missions connaissent ainsi un sort funeste tandis que ceux de la troisième, à l’exception de son commandant (Rock Hudson) et de son second (Darren Mac Gavin), seront tués par un des leurs (Bernie Casey) en proie à une crise morale sur le droit des hommes à s’attribuer un monde qui n’est pas le leur. La seconde partie, « Les colons », s’attarde sur la colonisation de la planète par les Terriens, à un rythme que ne renierait pas Elon Musk, pour façonner un monde à l’image de celui qu’ils sont en train de perdre. Nous suivons ainsi plusieurs personnages expatriés sur Mars pour redémarrer une vie marquée par les drames ou, simplement, pour chercher la fortune. Trois autres récits sont mixés pour former un tout cohérent : les nouvelles « Septembre 2005 : le Martien », « Novembre 2005 : la morte-saison » et « Les ballons de feu » qui n’est toutefois pas publié dans « Les chroniques martiennes » mais dans « L’homme illustré ». Le troisième et dernier épisode reprend différents éléments des récits « Août 2002 : rencontre nocturne », « Décembre 2005 : les villes muettes », « Avril 2026 : les longues années » et « Octobre 2026 : le pique-nique d’un million d’années ». Les colons ont fini par déserter Mars pour retourner sur la Terre en proie à la guerre.

Dans le sillage de La Quatrième Dimension

Tournés à Malte et à Lanzarote (iles Canaries) pour figurer les paysages arides de Mars, les trois téléfilms ont tous été scénarisés par le grand Richard Matheson et sont mis en scène par Michael Anderson (qui livra notamment L’Âge de cristal en 1976). S’ils ne parviennent pas totalement à restituer la poésie du roman initial (Bradbury jugeait d’ailleurs cette adaptation « juste ennuyeuse »), le climat de ces chroniques martiennes sur petit écran distille quand même une forme d’angoisse qui rappelle celle de La Quatrième Dimension. Matheson a d’ailleurs écrit parmi les meilleurs épisodes de la série créée par Rod Serling. C’est notamment vrai pour le segment « Avril 2000 » de la première partie avec Nicholas Hammond – premier interprète télévisuel de Spider-Man quelques années plus tôt – dans le rôle du commandant de la seconde expédition martienne qui croit revenir sur Terre 20 ans avant son départ. A la tête du casting, Rock Hudson joue le rôle de John Wilder, personnage récurrent tout au long de cette conquête de Mars, qui s’avère être la planche de salut d’une humanité décimée par un conflit atomique. L’acteur, dont la carrière cinématographique marquait le pas, trouvait à l’époque un second souffle sur le petit écran. Si cette mini-série n’a pas été épargnée par l’usure du temps (la musique disco et les effets spéciaux font aujourd’hui gentiment sourire), elle reste néanmoins un très agréable moment de télévision. C’est déjà ça…

 

© Antoine Meunier


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