PUSHING DAISIES (2007-2009)

Une série joyeusement colorée et surréaliste dans laquelle un jeune pâtissier a le pouvoir de ressusciter les morts…

PUSHING DAISIES

 

2007/2009 – USA

 

Créée par Bryan Fuller

 

Avec Lee Pace, Anna Friel, Chi McBride, Kristin Chenoweth, Ellen Greene, Swoosie Kurtz, Jim Dale, Field Cate, Sy Richardson, Sammi Hanratty, David Arquette

 

THEMA MORT

Bryan Fuller a toujours aimé les concepts télévisés surprenants. En 2003, il s’amusait avec un sujet délicat – la mort – pour élaborer l’une des séries les plus surprenantes de son époque, Dead Like Me. Dans la foulée, il imaginait Wonderfalls, dont l’héroïne était une jeune femme vendeuse de souvenirs capable de discuter avec des figurines d’animaux. Avec Pushing Daisies, il donne naissance à une comédie romantique fantastique sur fond de médecine légiste. Notre homme ne recule donc devant rien pour bousculer les habitudes des téléspectateurs. En réalité, l’idée de Pushing Daisies est née pendant la production de Dead Like Me. Pour un épisode particulier, Fuller envisageait que l’héroïne Georgia Lass, un ange de la mort incarné par Ellen Muth, ne puisse plus assurer sa mission de collecteuse d’âmes à cause d’un homme capable de ressusciter les défunts en les touchant. Mais cette proposition déplaît à la chaîne qui la refuse. Elle servira donc de point de départ à un autre show, Pushing Daisies, qui n’est pas un spin-off de Dead Like Me mais décline plusieurs de ses idées. Le rôle masculin principal est écrit avec Lee Pace en tête, l’acteur ayant déjà joué un rôle récurrent dans Wonderfalls, mais ses agents refusent. Convoqué à sa place, Adam Brody (Newport Beach) décline à son tour la proposition. Entretemps, Pace finit par lire le script du pilote et accepte. Un personnage comme ça, on n’en joue pas tous les jours.

Lee Pace incarne Ned, un jeune homme qui, dès son plus jeune âge, se découvre un pouvoir surnaturel : celui de ressusciter les morts. Enfant, il ramène ainsi à la vie sa mère qui vient de succomber à une rupture d’anévrisme. Mais le soir, lorsqu’il l’embrasse pour lui souhaiter bonne nuit, elle s’éteint définitivement. Un toucher pour ressusciter, un second pour renvoyer dans l’au-delà, voici les règles qui régissent l’étrange « don » de Ned. Et s’il maintient en vie les trépassés plus d’une minute, quelqu’un d’autre meurt aux alentours pour rétablir une sorte d’équilibre. Désormais adulte, Ned est devenu pâtissier et tient un restaurant appelé The Pie Hole dont les finances ne sont pas florissantes. Lorsque le détective privé Emerson Cod (Chi McBride) découvre par hasard ses pouvoirs, il lui fait une proposition : Ned ramènera temporairement les victimes de meurtres à la vie, ce qui permettra à Emerson de comprendre les circonstances de leur mort, de résoudre rapidement l’affaire et de partager avec lui l’argent de la récompense. Ce petit manège se complique le jour où Ned apprend que Chuck (Anna Friel), son amie d’enfance, a été assassinée. Il la ranime mais ne peut se résoudre à la laisser mourir définitivement. Tous deux retombent amoureux, prisonniers désormais d’une malédiction qui les empêche de se toucher…

Kitsch, surréalisme et poésie

La folle excentricité du concept de Pushing Daisies trouve son écho dans une mise en forme très singulière. Le surréalisme, la poésie, le kitsch assumé, les teintes ultra-saturées et la féerie sont en effet les lignes de conduites visuelles de la série, sous l’impulsion de Barry Sonnenfeld qui en réalise les premiers épisodes. « Ma mission était de donner vie à un livre illustré », explique le chef décorateur Michael Wylie. « Je me suis attaché à mettre en avant des motifs répétitifs de différentes couleurs, notamment les rouges et les oranges » (1). Les décors déclinent non seulement les teintes chaudes mais aussi les formes circulaires qu’on retrouve à toutes les échelles, avec une propension quasi-systématique à la symétrie. « Les producteurs nous ont demandé d’obtenir des images quelque part à mi-chemin entre Amélie Poulain et les films de Tim Burton », ajoute le directeur de la photographie Michael Weaver. « Ils voulaient quelque chose d’exagérément lumineux, plus grand que la vie » (2). Cette esthétique surprenante s’harmonise avec les personnages extravagants, les situations grotesques, les dialogues absurdes, les jeux de mots à double sens et les métaphores qui s’accumulent sans retenue comme les ingrédients d’un gâteau qui serait trop gros, trop sucré, trop coloré… mais finalement irrésistible. Pushing Daisies nous enivre dans ses excès et remporte un succès mérité. Mais la grève des scénaristes met à mal sa diffusion et pousse ABC à l’écourter. Frustré par cet arrêt prématuré, Bryan Fuller prolongera la série sous forme d’une bande dessinée distribuée lors des conventions de fans et mise en ligne sur le site officiel du show.

 

(1) Extrait d’une interview publiée dans « TV Guide » en octobre 2007.

(2) Extrait d’une interview publiée dans « Variety » en juin 2010.

 

© Gilles Penso


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