VOYAGE AU FOND DES MERS (1964-1968)

Un sous-marin atomique explore les fonds marins et y découvre toutes sortes de menaces bizarres et de créatures improbables…

VOYAGE TO THE BOTTOM OF THE SEA

 

1964/1968 – USA

 

Créée par Irwin Allen

 

Avec Richard Basehart, David Hedison, Robert Dowdell, Richard Bull, Henry Kulky, Terru Becker, Del Monrore, Paul Trinka, Arch Whiting, Ralph Garrett

 

THEMA MONSTRES MARINS

Le producteur/réalisateur Irwin Allen a de la suite dans les idées. Après avoir mis en chantier Le Sous-marin de l’apocalypse, il se dit que les sommes importantes nécessitées par ce long-métrage mêlant la politique-fiction, le genre catastrophe et la science-fiction pourraient être amorties dans une série télévisée. D’où la naissance de Voyage au fond des mers qui se veut le prolongement logique du film. En version originale, la version cinéma et le show télévisé portent d’ailleurs le même titre : Voyage to the Bottom of the Sea. À l’exception de Del Monroe, qui incarne quasiment le même matelot sur le grand et le petit écran (avec une petite variante sur son nom, Kowski ici, Kowalski là), l’ensemble du casting change. Si l’amiral Harriman Nelson et le capitaine Lee Crane sont toujours présents, leurs interprètes originaux Walter Pidgeon et Robert Sterling cèdent ici le pas à Richard Basehart (qui côtoyait déjà les fonds marins dans Moby Dick) et David Hedison (qu’Irwin Allen dirigeait en 1960 dans Le Monde perdu). Pour faire des économies, Allen réutilise tout ce qu’il peut : des costumes, des accessoires, des éléments de décor et surtout de nombreux effets spéciaux du Sous-marin de l’apocalypse, notamment les séquences tournées en miniature dans lesquelles le submersible surgit au milieu des

En toute logique, Voyage au fond des mers reprend le concept du long-métrage qui l’inspire. Nous voilà donc à bord du sous-marin Neptune (ou Seaview pour les anglophones), un précieux engin expérimental de recherche océanographique dont le look a été légèrement modifié par rapport au film. Son équipement dernier cri comprend une petite soucoupe aquatique, des bathyscaphes, une cloche de plongée mais aussi des lance-missiles et des lance-torpilles. Car si le Neptune n’a pas vocation d’être utilisé pour des missions militaires, on n’est jamais trop prudent. En effet, l’exploration des fonds marins et la quête des mystères de la mer révèlent souvent des menaces contre lesquelles il convient d’être solidement armé. La série étant futuriste (nous sommes dans les années 70 puis 80, soit quelques décennies après son entrée en production) et le contexte étant celui de la guerre froide, l’ennemi a bien souvent des allures communistes, même si les scénarios prennent garde de ne pas les nommer comme tels.

Abysses bis

Pendant les deux premières saisons de Voyage au fond des mers, les intrigues s’efforcent de conserver une certaine « crédibilité », favorisant les sujets autour des dangers du nucléaire, des problèmes environnementaux ou de la prévention contre l’espionnage international. Mais les dirigeants de la chaîne ABC s’inquiètent de cette tonalité trop sérieuse et réclament plus de divertissement. Irwin Allen n’y va alors pas avec le dos de la cuiller. Bientôt, l’amiral Nelson et son équipage croisent les créatures aquatiques les plus improbables de tous les temps : des extra-terrestres, des monstres marins, des dinosaures, des momies, des loups-garous, des lutins maléfiques, des hommes-crustacés, des torches humaines, des fossiles vivants… Les amateurs de bébêtes en caoutchouc sont alors aux anges, s’impatientant d’un épisode à l’autre de découvrir à chaque fois le look toujours plus invraisemblable du « monstre de la semaine ». Régulièrement secoués lors des batailles par des vibrations qui les font trembler à l’intérieur du Neptune, les héros s’agitent en tous sens dans un décor qu’on devine parfaitement immobile, ce qui provoque quelques éclats de rire involontaires de la part des téléspectateurs (cet effet de mise en scène naïf sera repris tel quel dans Star Trek, dont Voyage au fond des mers constitue une sorte de précurseur marin). Malgré – ou justement grâce à – ces incursions souvent absurdes ou grotesques dans une science-fiction exubérante, la série d’Allen a su conquérir le cœur des téléspectateurs du monde entier, poussant son créateur à en produire plusieurs autres : Perdus dans l’espace, Au cœur du temps et Au pays des géants.

 

© Gilles Penso


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