12H01 : PRISONNIER DU TEMPS (1993)

Coincé dans une boucle temporelle, l’employé d’une compagnie énergétique tente d’empêcher l’assassinat d’une de ses collègues…

12:01

 

1993 – USA

 

Réalisé par Jack Sholder

 

Avec Jonathan Silverman, Helen Slater, Nicolas Surovy, Robin Bartlett, Jeremy Piven, Constance Marie, Glenn Morshower, Martin Landau, Paxton Whitehead

 

THEMA VOYAGES DANS LE TEMPS

Publiée en décembre 1973 dans « The Magazine of Fantasy & Science-Fiction », la nouvelle « 12:01 PM » de Richard Lupoff jongle habilement avec le concept de la boucle temporelle. Dix-sept ans plus tard, le jeune réalisateur Jonathan Heap en tire un court-métrage de trente minutes qui sera nommé aux Oscars et que l’écrivain appréciera grandement. Heap est logiquement pressenti pour diriger dans la foulée une version longue de cette histoire, destinée à Fox Télévision, mais finalement c’est Jack Sholder (Dément, La Revanche de Freddy, Hidden) qui hérite du projet. « Le réalisateur du court devait diriger le film, mais sa première expérience dans la mise en scène n’a pas été un succès, ce qui explique qu’on m’ait impliqué au dernier moment », explique Jack Sholder. « L’idée de réaliser un téléfilm ne m’enchantait pas. Le planning serré ne m’attirait pas non plus. Mais les producteurs étaient des amis et j’ai beaucoup apprécié le script. Voilà pourquoi j’ai accepté » (1). Sholder n’aura pas à regretter cette décision, 12h01 demeurant pour lui un excellent souvenir de tournage. Le film lui permet en outre de démontrer de fortes affinités avec un genre qu’il n’avait encore jamais abordé frontalement : la comédie. Car si 12h01 est un récit de science-fiction riche en rebondissements, en retournements de situation et en suspense, l’humour y occupe une place de choix.

Au-delà de son scénario et de sa mise en scène, cet excellent téléfilm s’appuie sur un casting de haut niveau. En tête d’affiche, le trop rare Jonathan Silverman nous enchante, dans le registre du doux-dingue maladroit et séducteur dont le tempo comique n’est pas sans rappeler certaines facéties d’un Jim Carrey ou d’un David Schwimmer. Silverman incarne Barry Thomas, prisonnier d’un travail routinier au service du personnel d’une grande compagnie d’énergie. Un beau matin, il flashe sur une collègue scientifique qu’il ne connaissait pas, Lisa Fredericks. C’est avec joie que nous découvrons Helen Slater dans le rôle de la jeune femme. Débarrassée de la cape et de la jupette de Supergirl, la comédienne nous offre l’une de ses prestations les plus mémorables, tout en finesse et en retenue. Comment ne pas non plus nous réjouir en retrouvant ce bon vieux Martin Landau dans le rôle du docteur Thadius Moxley, chef de projet d’un accélérateur de particules plus rapide que la lumière ? Alors que cette découverte scientifique est sujette à plusieurs controverses, Barry assiste avec horreur à l’assassinat de Lisa… puis se réveille le lendemain pour découvrir que la même journée est en train de se répéter inlassablement. Pourra-t-il la sauver et confondre les coupables ?

Qui a plagié qui ?

Mené à un rythme effréné ne nous laissant que peu de répit, 12h01 est drôle, touchant, palpitant (Sholder trouve le moyen d’intégrer dans le film une poursuite de voiture tournée en à peine huit heures, planning télévisé oblige) et n’a pas pris une ride. Contournant la censure imposée par le petit écran, le réalisateur redouble d’inventivité, filmant par exemple au ralenti une envolée de pétales de roses rouges pour suggérer le sang qui jaillit du corps d’Helen Slater frappée par les balles assassines. En découvrant ce téléfilm aujourd’hui injustement tombé dans l’oubli, d’aucuns ont cru y voir un plagiat d’Un jour sans fin, sorti sur les écrans cinq mois plus tôt. Richard Lupoff, l’auteur de la nouvelle « 12:01 PM », pense plutôt le contraire. « Jonathan Heap et moi-même avons été indignés et avons essayé de poursuivre les coquins qui nous avaient volés, mais hélas, l’establishment hollywoodien a serré les rangs », raconte-t-il avec rancœur. « Après six mois de réunions d’avocats et de stress émotionnel, nous avons décidé de laisser l’affaire derrière nous et de reprendre le cours de notre vie » (2). Aujourd’hui encore, il est difficile de savoir si Un jour sans fin s’est inspiré de la nouvelle de Lupoff ou si 12h01 a surfé sur le succès de la comédie d’Harold Ramis. Une chose est sûre : ces deux films sont des régals qui se redécouvrent à chaque fois avec autant de plaisir.

 

(1) Extrait d’une interview réalisée par Luis Alcaïde pour « L’Écran fantastique » de mai 1994.

(2) Extrait d’un témoignage de Richard Lupoff publié en janvier 1995.

 

 

© Gilles Penso


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