LE GUERRIER D’ACIER (1996)

Mario Van Peebles se prend à la fois pour Terminator et pour Rambo dans cette série B d’action pétaradante…

SOLO

 

1996 – USA

 

Réalisé par Norberto Barba

 

Avec Mario Van Peebles, William Sadler, Adrien Brody, Barry Corbin, Demian Bichir, Jaime Gomez, Seidy Lopez, Abraham Verduzco, Joaquin Garrido, Jaime P. Gomez

 

THEMA ROBOTS

Après avoir réalisé plusieurs longs-métrages dans les années 90 (New Jack City, La Revanche de Jessie Lee, Panther), Mario Van Peebles se met en quête d’un film dont il serait simplement acteur à condition de se voir offrir un rôle complexe et inattendu. Le projet Solo semble tomber à point nommé. Il s’agit de l’adaptation d’un roman de Robert Mason, « Weapon », paru en 1989 et adapté par le scénariste David L. Corley. On se perd honnêtement en conjectures sur ce qui a pu attirer Van Peebles à la lecture du script, tant celui-ci accumule les balourdises et les clichés. Peut-être l’acteur souhaitait-il marcher sur les traces de Jean-Claude Van Damme et de Dolph Lundgren suite au succès d’Universal Soldier ? Toujours est-il que ce mélange contre-nature de Terminator, Rambo, Predator et Robocop est très drôle au second degré, ce qui n’était évidemment pas son intention initiale. Son réalisateur, Norbero Barba, n’aura mis en scène qu’un seul autre film pour le cinéma, le thriller d’action Sous le signe du tigre, consacrant le reste de sa carrière (bien fournie) à la télévision américaine. Il est pourtant l’un des seuls atouts sérieux du Guerrier d’acier, sa réalisation solide – à défaut d’être très originale – jouant en faveur de ce qui n’aurait pu être qu’un film bis fauché. Il faut dire aussi que Barba bénéficie d’un budget honorable de 19 millions de dollars et de décors extérieurs très photogéniques captés à Puerto Vallarta.

Van Peebles incarne ici Solo, un prototype de robot de combat fabriqué de toutes pièces par l’armée américaine. Quinze fois plus fort et dix fois plus rapide que n’importe quel être humain, il est envoyé en mission avec un commando en Amérique centrale pour combattre des insurgés. Mais voilà que notre machine de guerre développe soudain une conscience et refuse de tuer des innocents. Alors que ses concepteurs décident de le rapatrier pour le déprogrammer, Solo (qui a peut-être lu les romans d’Isaac Asimov) suit l’une de ses directives, qui consiste à s’auto-préserver en priorité, et prend la fuite. Le voilà parachuté au beau milieu de paisibles paysans martyrisés par les guérilleros (avec notamment un petit garçon qui admire ce modèle masculin invincible et une jeune fille qui fait les yeux doux à cet hypothétique amant en acier trempé). Notre androïde se mue alors en une sorte de Terminator gentil, un équivalent moderne du Golem se dressant contre l’oppresseur pour protéger les faibles, une espèce de fusion des sept mercenaires ou des sept samouraïs préparant les gentils villageois à affronter les vils envahisseurs.

Super Mario

Les trois têtes d’affiches du film campent des archétypes évacuant toute finesse. Le fier Mario joue donc la carte de l’interprétation minimaliste et monolithique, déclamant ses répliques sur un ton monocorde et ne perdant jamais une occasion d’exhiber ses pectoraux. Son ennemi juré est campé par William Sadler, le colonel belliqueux qui fait nerveusement craquer les vertèbres de son cou quand il est contrarié et bascule sans aucune logique dans la folie destructrice. Quant à Adrien Brody, encore méconnu du grand public, il incarne le savant sympathique un peu geek sur les bords qui s’attache à sa création envers et contre tous. Le Guerrier d’acier nous offre son lot raisonnable de poursuites d’hélicoptère, de fusillades dans la jungle, de combats au corps à corps et d’explosions, ainsi que des dialogues philosophiques de haute volée (« Vous êtes vivant », « Non, j’existe »), des flash-backs distrayants (le robot, aux traits encore squelettiques, demande à son créateur de lui donner le visage de Michael Jordan) et des moments relativement embarrassants (Solo qui s’entraîne à rire bruyamment dans la jungle). Sans surprise, le film ne fera pas d’éclat au box-office et viendra alimenter les rayons des vidéoclubs où rien ne le distinguera foncièrement des Atomic Cyborg, Robowar, Cyborg Cop, R.O.T.O.R., TC-2000 et autres Robot Killer.

 

© Gilles Penso


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