ROBOCOP (1987)

Paul Verhoeven fait ses premiers pas dans la science-fiction avec une fable cynique, cruelle et violente

ROBOCOP

1987 – USA

Réalisé par Paul Verhoeven

Avec Peter Weller, Nancy Allen, Daniel O’Herlihy, Ronny Cox, Kurtwood Smith, Miguel Ferrer, Robert Do Qui, Ray Wise

THEMA ROBOTS I FUTUR I SAGA ROBOCOP

Premier film hollywoodien du réalisateur hollandais Paul Verhoeven (précédé d’une réputation sulfureuse grâce à des œuvres telles que Turkish délices, Le Quatrième homme ou La Chair et le sang), Robocop se situe dans la ville de Detroit à l’aube de l’an 2000. Au sein d’une société ayant poussé le capitalisme jusqu’à un point de non retour, les services de police ont été privatisés et sont désormais chapeautés par l’OCP (Omni Consumer Products), un groupe de financiers et de technocrates qui décident de lutter contre la criminalité avec une arme infaillible. Le premier projet proposé, ED 209 (Enforcement Droïd 209 en VO, Eco Dépisteur 209 en VF), est un robot bipède et massif de deux mètres de haut, mais sa démonstration devant les décideurs se solde par un sanglant échec, et on opte pour un second projet baptisé Robocop. Alex Murphy (Peter Weller), un policier laissé pour mort par des truands, sert de cobaye. Opéré pendant des heures par des chirurgiens et des techniciens, il est transformé en cyborg, moitié chair, moitié acier, programmé comme un ordinateur pour réagir à toute tentative d’infraction à la loi.

Armé d’un budget de douze millions de dollars, Verhoeven bâtit de toutes pièces un futur hyperréaliste, un choix qui déteint sur la photographie sobre et froide du film. « J’aime traiter les images de manière réaliste, même dans un film de science-fiction », nous confiait le directeur de la photographie Jost Vacano. « Je pense que le public s’imprègne plus facilement de l’histoire si le contexte lui semble familier » (1). Pour réaliser les ambitieux effets spéciaux du film, le producteur Jon Davison décide de faire appel à deux hommes avec qui il a déjà collaboré à l’époque du Piranhas de Joe Dante. L’as des maquillages spéciaux et des créatures mécaniques Rob Bottin se voit ainsi confier le costume du Robocop, tandis que l’animateur et superviseur d’effets visuels Phil Tippett est chargé de donner vie à ED 209. « Nous voulions à tout prix nous éloigner de la morphologie humaine », nous raconte Tippett. « Ce robot est donc une sorte de croisement entre une presse hydraulique et un poids lourd, avec une grille d’aération faciale qui a un peu la forme d’une bouche de baleine » (2).

Satire sociale et monstres géants

ED 209 est animé avec beaucoup de talent, car selon les séquences, le robot bipède est effrayant ou au contraire ridicule, comme lorsqu’il dévale un escalier et se retrouve sur le dos en agitant stupidement ses pattes en l’air. Outre ED 209, l’animation est également sollicitée par l’un des faux spots publicitaires qui scandent le film, vantant cette fois les mérites d’une voiture surnommée « La Bête de la Route ». On y voit un allosaure qui avance parmi les buildings de la ville comme Le Monstre des temps perdus de Ray Harryhausen, le tout sur une musique qui reprend les accents de la partition de Max Steiner pour King Kong. Ainsi, comme il le fera une décennie plus tard avec Starship Troopers, Paul Verhoeven s’amuse-t-il à marier tout au long du film deux envies très personnelles qui pourraient sembler de prime abord difficiles à concilier : rendre hommage aux films de monstres et de science-fiction qui bercèrent son enfance, tout en s’adonnant à la satire sociale et politique avec un mordant et une violence totalement décomplexés.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en décembre 1997

(2) Propos recueillis en avril 1998.


© Gilles Penso 

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