RATATOUILLE (2007)

Un rat s’installe à Paris avec sa famille de rongeurs pour devenir l’un des plus grands chefs cuisiniers de la ville !

RATATOUILLE

 

2007 – USA

 

Réalisé par Brad Bird et Jan Pinkava

 

Avec les voix de Patton Oswalt, Ian Holm, Lou Romano, Brian Dennehy, Peter Sohn, Peter O’Toole, Brad Garrett, Janeane Garofalo, Will Arnett, Julius Callahan

 

THEMA MAMMIFÈRES I SAGA PIXAR

Ratatouille marque une étape importante dans la vie de Pixar puisque c’est le premier long-métrage du studio après son rachat par Disney en 2006. L’idée d’un rat qui ambitionnerait de devenir chef cuisinier est à mettre au crédit de Jan Pinkava, qui permit à Pixar de remporter en 1998 l’Oscar du meilleur court-métrage grâce à son remarquable Joueur d’échecs. Emballé par le concept, John Lasseter laisse Pinkava développer cette idée et en tirer un scénario, mais son flair lui dicte d’aller chercher un renfort artistique. Il fait donc appel à son vieux camarade Brad Bird, à qui Pixar doit le succès des Indestructibles. La personnalité forte et l’imagination fertile de Bird se déploient alors à toute allure pour articuler l’histoire de cet apprenti cuisinier et de ce rat gastronome qui collaborent secrètement pour redonner de l’éclat au restaurant d’un vieux chef français. Plus il s’implique dans le projet, plus il en prend la tête, et Pinkava finit par jeter l’éponge, quittant à la fois le film et le studio Pixar. 

En plus du rat Remy et de son abondante famille rampante, Ratatouille met en scène une truculente galerie de personnages. Depuis Les Indestructibles, Pixar ne craint plus de mettre en vedette des humains et les animateurs s’en donnent ici à cœur joie, entre la maladresse touchante du jeune commis Alfredo Linguini, la bonhomie posthume du fantôme de Gusteau, le charme très parisien de la cuisinière Colette ou la suffisance délicieusement insupportable du critique culinaire Anton Ego. Ce dernier, incarné en anglais par Peter O’Toole, est un antagoniste un peu particulier. Malgré sa propension à mettre des bâtons dans les roues des héros en usant de son influence et de son mauvais caractère, c’est un homme de goût qui finit par apprécier les mets concoctés par Remy et Linguini, au cours d’une scène d’une magnifique simplicité où, le temps d’une bouchée, cet homme aigri retombe littéralement en enfance. « Ces plats ont changé mes idées préconçues sur la grande cuisine en me touchant au cœur » dira-t-il. Le véritable « vilain » est ailleurs, et ne se révèle que plus tard au cours d’un coup de théâtre qui est devenu un des grands classiques narratifs de Pixar depuis Monstres & Cie.

Le rat des goûts

Attaché au réalisme du comportement des rats, Bird pousse ses animateurs à reproduire du mieux qu’ils peuvent les contorsions incroyables dont sont capables les rongeurs. A cette occasion, les ingénieurs de Pixar créent un nouveau logiciel baptisé Collison. Mais Bird aime aussi l’animation traditionnelle en 2D. Comme pour Les Indestructibles, il concocte donc un générique de fin en dessin animé créé par des animateurs spécialisés dans cette discipline « à l’ancienne ». Si le studio Disney est très heureux du premier film issu du rachat de Pixar, le marketing de Ratatouille n’est pas simple, car aucune enseigne alimentaire ne souhaite être associée à un rat. Ce qui n’empêche pas le film d’être un énorme succès et de remporter l’Oscar du meilleur film d’animation, récompense que Brad Bird avait déjà gagnée avec Les Indestructibles. Car Ratatouille est un véritable délice, poussant jusqu’au bout son concept fou pour mieux déclarer sa flamme aux artistes du goût. D’ailleurs, à travers les facéties de ce rongeur perfectionniste qui ne cesse de multiplier les expériences pour ravir ceux qui découvrent ses créations, comment ne pas deviner un reflet de Brad Bird lui-même ?

 

© Gilles Penso


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