LES MÂCHOIRES INFERNALES (1976)

Produite dans la foulée des Dents de la mer, cette série B met en scène un homme solitaire qui transforme les requins en machines à tuer…

MAKO : THE JAWS OF DEATH

 

1976 – USA

 

Réalisé par William Grefé

 

Avec Richard Jaeckel, Harold Sakata, Jennifer Bishop, John Chandler, Buffy Dee, Ben Kronen, Paul Preston, Milton Smith, Bob Gordon, Jerry Albert, George Johnson

 

THEMA MONSTRES MARINS

A priori, Les Mâchoires infernales est un film opportuniste qui se dépêche de sortir en salles en 1976 pour profiter du succès des Dents de la mer. Mais en réalité, le projet est antérieur au classique de Steven Spielberg. William Grefé, qui a alors déjà signé une douzaine de longs-métrages, en écrit le scénario dans les années 70 mais ne trouve personne pour le financer. Après la sortie de Jaws, évidemment, la donne change. Désormais, tout le monde veut des films de requins et Les Mâchoires infernales redevient d’actualité. Pour le rôle masculin principal, Grefé pense à Henry Silva, dont l’impressionnante présence physique aurait certainement apporté une plus-value intéressante. Mais l’acteur décline la proposition pour une raison toute bête : il ne sait pas nager ! Le rôle échoit finalement à Richard Jaeckel (transfuge des Douze salopards et de Pat Garrett et Billy le Kid). Ce dernier incarne Sonny Stein, un homme qui s’est pris d’une telle affection pour les requins qu’il leur parle, les considère comme ses seuls amis et leur donne en pâture les gens qui ne lui reviennent pas ! D’où une séquence d’introduction sans concessions au cours de laquelle un squale capturé par trois pêcheurs est libéré par Sonny qui livre les hommes aux mâchoires de la bête.

Lorsqu’il ne nage pas au milieu des requins ou qu’il ne les nourrit pas avec de la chair humaine, Sonny aime trainer dans le bar du coin équipé d’une attraction spéciale : une piscine dans laquelle s’ébat une jeune femme en maillot de bain, Karen (Jennifer Bishop). Après l’avoir sauvée des griffes de deux ivrognes (qui finissent bien sûr croqués à belles dents par les « amis » de Sonny), il lui raconte son histoire. Il faisait partie d’une équipe ayant renfloué un navire contenant une précieuse cargaison, puis échappa de justesse à l’assaut violent d’une horde de pirates en plongeant dans des eaux infestées de requins. Or au lieu de le dévorer, les squales l’épargnèrent et mangèrent ses assaillants. Sur la rive où il se réfugia, notre homme rencontra un étrange vieil homme qui lui remit un médaillon orné d’une dent de requin. Voici ce qui explique la connexion presque surnaturelle qui relie désormais Sonny aux squales.

« Va te faire voir chez les requins ! »

Ponctué de morts violentes, Les Mâchoires du diable s’achemine vers un climax délirant au cours duquel Sonny, déchaîné, décide de régler leurs comptes à tous ceux qui osent maltraiter les requins. Cette vengeance aveugle évoque finalement bien plus Willard que Les Dents de la mer, tandis que l’image de ce tueur en tenue de plongée annonce avec une décennie d’avance Amsterdamned de Dick Maas. Malgré les excès de son intrigue, le film met la pédale douce sur l’horreur, évitant le gore et les effets spéciaux sanglants. Le tournage recourt d’ailleurs uniquement à de véritables requins tigres sans solliciter la moindre contrepartie factice. Pendant la sortie des Mâchoires infernales, la campagne de publicité annonçait d’ailleurs fièrement que le film avait été « tourné sans cages, sans requins mécaniques et sans autres dispositifs de protection. » Les amateurs de versions françaises apprécieront au passage la poésie insolite de quelques-uns des dialogues, notamment l’inénarrable « Va te faire voir chez les requins, tu pues le poisson ! » Nous sommes certes loin du chef d’œuvre, mais Les Mâchoires infernales vaut tout de même beaucoup mieux que le long-métrage précédent de William Grefé, le laborieux film d’horreur Impulse avec William Shatner.

 

© Gilles Penso


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