ODYSSEUS : VOYAGE AU CŒUR DES TÉNÈBRES (2008)

Découvert par le grand public grâce à La Momie, Arnold Vosloo joue le rôle d’Ulysse dans cette épopée mythologique fauchée…

ODYSSEUS AND THE ISLE OF THE MISTS / ODYSSEUS : VOYAGE TO THE UNDERWORLD

 

2008 – GB / CANADA / ROUMANIE

 

Réalisé par Terry Ingram

 

Avec Arnold Vosloo, Stefanie Von Pfetten, Randal Edwards, J.R. Bourne, Mike Antonakos, Steve Bacic, Leah Gibson, Sonya Salomaa, Perry Long

 

THEMA MYTHOLOGIE

Terry Ingram est un téléaste en activité depuis le milieu des années 90. Son travail intensif sur toutes sortes de séries TV (The Adventures of Sinbad, Total Recall 2010, Invasion planète Terre, Chérie j’ai rétréci les gosses, Mutant X) révélant une prédilection manifeste pour le genre fantastique, il était le candidat idéal pour mettre en scène Odysseus : voyage au cœur des ténèbres, une épopée mythologique à tout petit budget (1 100 000 dollars) tournée au Canada et en Roumanie et destinée à une diffusion sur Sci-Fi Channel. Pour jouer le rôle principal, la production engage Arnold Vosloo, second rôle efficace de 1492 : Christophe Colomb et Chasse à l’homme, remplaçant honnête de Liam Neeson dans Darkman II et Darkman III et surtout inoubliable Im-Ho-Tep dans La Momie de Stephen Sommers. Vosloo entre ici dans la peau d’Ulysse, tenant la vedette d’une aventure complètement imaginaire censée s’être déroulée en marge du récit de l’Odyssée. L’entame de ce téléfilm se révèle frustrante, puisque les dialogues évoquent l’histoire du cyclope Polyphème, des sirènes et des Lestrygons sans que jamais le public ait la possibilité de voir ces créatures fantasmagoriques. En effet, l’intrigue d’Odysseus : voyage au cœur des ténèbres se résume à un séjour sur « l’île de la brume », un lieu sinistre et mystérieux hanté par une nuée de démons volants.

Les monstres en question sont des espèces de gargouilles vampiriques en image de synthèse pas trop mal fichues, au regard du budget alloué à l’équipe des effets spéciaux (supervisée par Ian Cumming), et visiblement inspirées par les harpies de Jason et les Argonautes. Après avoir décimé la majorité de l’équipage, les démons prennent la poudre d’escampette et laissent les survivants s’aventurer dans une zone de l’île où vit une déesse séduisante et énigmatique (Stefanie Von Pfetten) qu’ils prennent pour une sirène mais qui s’avère être Perséphone, la reine des Enfers. Celle-ci accepte de soigner et protéger Ulysse et ses hommes s’ils l’aident à s’échapper de cette île, mais c’est un leurre. Comme notre héros l’apprend dans un de ses rêves où le visite la déesse Athena (Sonya Salomaa), Perséphone n’attend qu’une occasion pour asservir toute l’humanité. S’ils veulent vaincre le mal, nos héros vont devoir trouver « la croix du feu de l’enfer » (tout un programme) forgée par Héphaïstos et taillée par Appolon…

« La croix du feu de l’enfer »

Odysseus : voyage au cœur des ténèbres possède quelques atouts, le moindre n’étant pas Arnold Vosloo lui-même dont l’interprétation d’Ulysse reste très honorable. Le scénario a l’idée – inattendue et originale – d’intégrer dans l’équipage Homère en personne, ici présenté comme un simple scribe qui se met en tête de noter chacune des péripéties de cette aventure. Autres aspects intéressants : un climat d’angoisse réussi, quelques effets gore assez osés (les entrailles qui sortent des corps des victimes) et une poignée de dialogues intéressants. Mais tout ça ne vole pas très haut et la minceur du budget saute sans cesse aux yeux (dès l’apparition de cette petite douzaine d’acteurs censés représenter tous les marins au service d’Ulysse). L’intrigue elle-même s’avère franchement absurde et s’assortit d’éléments anachroniques bizarres, comme cette épée dorée d’allure médiévale après laquelle courent les héros. Ce « direct-to-video » est donc gentiment tombé dans l’oubli, et ce n’est que justice. De toutes façons, pour les cinéphiles férus de l’Odyssée, un seul film vaut véritablement le détour : le merveilleux Ulysse de Mario Camerini.

 

© Gilles Penso


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