LA SORCIÈRE SANGLANTE (1964)

Barbara Steele irradie l’écran dans le rôle troublant d’une jeune femme assassinée qui ressuscite pour assouvir une vengeance d’outre-tombe…

I LUNGHI CAPELLI DELLA MORTE

 

1964 – ITALIE / ALLEMAGNE

 

Réalisé par Antonio Margheriti

 

Avec Barbara Steele, Robert Rains, Halina Zalewska, George Ardisson, Umberto Raho, Laura Nucci, Giuliano Raffaelli, Nello Pazzafini, Jeffrey Darcey

 

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE

La Sorcière sanglante (dont le titre original pourrait se traduire par « Les longs cheveux de la mort ») est un scénario co-écrit par Ernesto Gastaldi et Tonino Valerii. Ce dernier cherche alors à faire ses premiers pas dans la mise en scène après avoir contribué à l’écriture de La Crypte du vampire et de Pour une poignée de dollars. Mais son inexpérience joue en sa défaveur, ce qui pousse le producteur Felice Testa Gay à opter pour un metteur en scène qui a déjà fait ses preuves, en l’occurrence Antonio Margheriti. Fidèle à ses habitudes, le réalisateur italien signe le film sous le pseudonyme Anthony Dawson (plus attrayant selon lui sur le marché international) et retrouve la comédienne Barbara Steele qu’il avait dirigée quelques mois plus tôt dans Danse macabre. Stakhanoviste, Margheriti signe d’ailleurs quatre autres longs-métrages la même année : Marchands d’esclaves, Le Monde sans voiles, La Terreur des Kirghiz et Fort Alésia. Tonino Valerii, lui, devra attendre 1966 pour passer derrière la caméra et signer notamment quelques westerns spaghettis comme Lanky l’homme à la carabine, Le Dernier jour de la colère ou le fameux Mon nom est personne sous l’égide de Sergio Leone. Tourné en grande partie dans le château de Massimo à Arsoli – et sur les plateaux de Cinecitta pour quelques intérieurs -, La Sorcière sanglante se déroule à la fin du 15ème siècle.

Adele Karnstein (Halina Zalewska) est accusée d’avoir utilisé la sorcellerie pour assassiner le frère du comte Humbolt (Giuliano Raffaelli). Elle est donc conduite au bûcher et meurt dans un immense brasier. En réalité, l’assassin est Kurt (George Ardisson), le propre fils du comte. Helen (Barbara Steele), la fille de la suppliciée, qui s’était précipitée voir Humbolt pour réclamer justice, ne trouve qu’un homme libidineux qui abuse d’elle. Une fois de plus, Barbara Steele irradie l’écran, ses cheveux corbeau et son regard noir offrant un magnifique contraste avec la blancheur diaphane de sa peau. Margheriti saisit sa photogénie dans une poignée de tableaux mémorables, comme ce plan iconique où la belle, les cheveux au vent, plonge ses mains dans les cendres de la défunte, tandis que le feu meurt lentement, surplombé par une croix penchée. Le vil Humbolt la course ensuite dans les bois et la précipite dans un torrent. « Et voilà ma chère, ton secret sera bien gardé » lui dit-il.

« Ton secret sera bien gardé »

La sœur cadette d’Helen, Lisabeth (incarnée aussi par Halina Zalewska), est contrainte plusieurs années plus tard d’épouser le détestable Kurt. C’est alors que la peste frappe le royaume, au moment même où Barbara Steele refait son apparition sous l’identité d’une jeune femme dont le carrosse s’est accidenté. Mais le spectateur devine qu’il s’agit bien d’Helen miraculeusement ressuscitée. D’autant que Margheriti a pris soin de nous offrir au préalable une scène étrange où la foudre frappe une tombe, et où le squelette qui la contenait se recouvre peu à peu de chair, tandis que ses orbites vides abritent soudain un regard humain. Peu satisfait du scénario alambiqué de La Sorcière sanglante, le cinéaste le réécrit en grande partie au fur et à mesure du tournage et improvise même des séquences entières sur le plateau. Le résultat est donc quelque peu décousu, mais le film contient de nombreux très beaux moments et s’achève sur une cruelle ironie sous forme d’un sinistre brasier purificateur.

 

© Gilles Penso


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