DANSE MACABRE (1964)

Un journaliste accepte le pari de passer une nuit dans un château à la sinistre réputation et y rencontre des êtres très étranges…

DANZA MACABRA

 

1964 – ITALIE

 

Réalisé par Antonio Margheriti et Sergio Corbucci

 

Avec Barbara Steele, Georges Rivière, Margarete Robsahm, Henry Kruger, Montgomery Glenn, Sylvia Sorrent, Ben Steffen

 

THEMA FANTÔMES

Après ses prestations très remarquées chez Mario Bava (Le Masque du démon), Roger Corman (La Chambre des tortures) et Riccardo Freda (L’Effroyable secret du docteur Hichcock), la comédienne Barbara Steele replonge de plain-pied dans l’épouvante gothique avec cette envoûtante Danse macabre. Nous sommes dans un Londres enfumé à la Jack l’éventreur, serti dans une belle photographie noir et blanc de Riccardo Pallotini et soutenu par une musique inquiétante de Riz Ortolani. Alan Forster (Georges Rivière), journaliste au Times, rencontre dans une auberge l’écrivain Edgar Allan Poe (Silvano Tranquilli) et Lord Thomas Blackwood (Umberto Raho). Ce dernier parie avec lui 100 livres sterling qu’il ne pourra pas passer une seule nuit dans son château de Providence, duquel personne n’est jamais ressorti vivant. Pragmatique, le journaliste accepte le pari. Au bout d’un quart d’heure d’exploration des lieux, il est témoin de phénomènes étranges qu’il attribue à des effets d’optique.

C’est alors que surgit en robe de nuit diaphane la belle Elizabeth (Barbara Steele), la sœur de Blackwood. Le noir et blanc contrasté renforce la pâleur de son teint, la noirceur de sa chevelure et de son regard soutenu par de longs faux cils. Un jeu de séduction s’opère entre eux, bientôt troublé par l’arrivée de la mystérieuse Julia (Margarete Robsahm), dont la beauté se veut plus stricte que celle d’Elizabeth. Les cheveux ne sont pas lâchés mais serrés en chignon, la robe de chambre cède le pas à une robe de soirée seyante. D’autres personnages inattendus font leur apparition, comme l’éminent docteur Carmus (Arturo Dominici) ou encore un énigmatique colosse torse nu (Giovanni Cianfriglia), ce qui ne laisse pas de surprendre le journaliste. Ce dernier finit par se demander – tout comme le spectateur – si tous ces êtres sont bien réels. Ne s’agirait-il pas plutôt de spectres, d’apparitions d’outre-tombe ?

Le corps, l’esprit et les sens

Un grand flash-back en milieu de métrage clarifie la situation, tandis que Carmus explique le phénomène des fantômes par le biais de la science. « Dans tout être humain, il existe trois formes », dit-il. « Celle du corps, c’est la plus faible. Ensuite celle de l’esprit, elle est indestructible. Et celle des sens, laquelle peut durer pour l’éternité. » Sis dans de beaux décors décrépits, le film s’appuie sur son atmosphère, étirant sans complexe les longues déambulations dans le château de ses héros, un chandelier à la main, ce qui n’empêche pas le surgissement de quelques visions frappantes, comme la chambre à coucher jonchée de cadavres ou le corps décomposé dans sa tombe qui bouge et respire. Cette belle œuvre macabre, dont la mise en scène fut amorcée par Sergio Corbucci puis reprise au bout d’une semaine par Antonio Margheriti, n’adapte aucune prose d’Edgar Poe, contrairement à ce qu’indique le générique, mais s’y réfère épisodiquement, à travers la présence du personnage de l’écrivain en début de métrage ou d’un chat noir errant dans la cour du château. Dans le rôle d’un de ces êtres qui « vivent dans un autre espace, dans une dimension différente », pour reprendre les mots du docteur Carmus, le charme étrange de Barbara Steele opère bien sûr à merveille.

 

© Gilles Penso


Partagez cet article