SABEL IS STILL YOUNG (2022)

Après l’assassinat de son époux pendant sa nuit de noces, une jeune femme laissée pour morte décide de se venger…

BATA PA SI SABEL

2022 – PHILIPPINES

Réalisé par Reynold Giba

Avec Micaella Raz, Julio Diaz, JC Tan, Benz Sangalang, Rash Flores, Richard Solano, Angela Morena, Stephanie Raz, Gardo Versoza, Ina Alegre

THEMA TUEURS

 

Sabel is Still Young est le premier film de Reynold Giba qui, en 2022, écrivit les scénarios de cinq films : la romance Sisid, l’histoire de fantômes Bahay na pula, le drame Virgin Forest, le thriller horrifique Alappap et donc Sabel is Still Young. Le point commun qui relie ces œuvres à priori disparates est la mise en scène fréquente de jeunes acteurs taillés comme des mannequins et souvent en tenue très légère (le caractère ouvertement racoleur des posters utilisés pour leur exploitation sur le territoire philippin est très explicite à ce propos). Pour Sabel is Still Young, nous entrons dans le domaine du sous-genre « rape and revenge » tel qu’il fut défini par des films comme I Spit on Your Grave de Meir Zarchi. Le principe est toujours le même : une jeune femme violée par plusieurs individus et laissée pour morte décide de prendre sa revanche de la manière la plus violente et sanglante possible. Actrice principale de Sabel is Still Young, Micaella Raz démarre alors sa carrière de manière hyperactive, puisqu’elle tourne la même année dans pas moins de quatre longs-métrages et deux séries télévisées. Jusqu’alors cantonnée dans des seconds rôles où – déjà – elle joue de ses charmes sans trop de pudeur, la comédienne porte cette fois-ci le film à bout de bras, dans un rôle intense qui nécessite sa pleine implication.

Micaella Raz incarne Sabel Arena, une jeune femme qui n’a jamais connu son père, est élevée seule par sa mère coiffeuse et s’apprête à épouser le beau Bryan (Benz Sangalang) dans la petite ville de Tan-Awan. Chacun a revêtu sa plus belle parure pour la cérémonie, les parents sont aux anges, le micro passe de main en main pour les discours de circonstance et Sonny (Gardo Versoza), le maire de la ville, dit publiquement tout le bien qu’il pense de cette union. Le soir venu, les jeunes mariés regagnent la chambre d’hôtel avec vue sur mer qu’ils ont réservée et entendent bien profiter de leur nuit de noces en toute tranquillité. Mais soudain, trois hommes, dont le chef Jethro (JC Tan) n’est autre que le fils du maire, surgissent dans la chambre, assassinent Bryan, violent à tour de rôle Sabel et jettent les deux corps à la mer avant de rejoindre leurs petites familles respectives. Or Sabel a survécu et n’entend pas laisser ce crime impuni…

Sabel est la bête

Dès les premières minutes, les prises de vues tremblantes en caméra portée, avec recadrages intempestifs et reports de point, témoignent d’une volonté d’approcher la mise en scène de manière brute et réaliste – façon cinéma vérité. Les petites vignettes qui constituent la première partie du film saisissent ainsi des instants de vie quotidiens et banals, comme pour mieux contraster avec la violence qui s’apprête à frapper les jeunes époux. Le malaise est accentué par le retour à la normale des trois agresseurs. L’un s’occupe de sa grand-mère, l’autre de son épouse enceinte, le troisième de ses enfants. Rien chez eux ne semble correspondre au profil d’un monstre. La pulsion collective qui les a poussés à commettre l’irréparable n’en est que plus surprenante. L’intrigue se complique avec des manœuvres politiques liées au futur successeur du maire et avec des mystères entourant l’identité du père de Sabel. Mais à mi-parcours, le film oublie toute quête de crédibilité pour se laisser tenter par des rebondissements rocambolesques. Sabel est donc recueillie par un ex-militaire revanchard qui accepte de la former au combat, au cours d’une série d’entrainements qu’on croirait presque échappés de Karate Kid. La vengeance elle-même bascule ouvertement dans les codes du cinéma d’exploitation, montrant de manière explicite la nudité et les actes sexuels, puis collectant les meurtres sanglants extrêmes avec en prime quelques détails bien gratinés comme un pénis tranché et enfoncé dans la gorge de la victime ! On peine donc à saisir les véritables intentions du film, d’autant que sa durée de 2h30 paraît bien excessive au regard d’une intrigue aussi ténue.

 

© Gilles Penso

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