

Un petit groupe d’invités prestigieux vient assister à la réouverture d’un château abandonné depuis 500 ans où les attend une bête affamée…
THE HOWLING V – THE REBIRTH
1989 – USA
Réalisé par Neal Sundström
Avec Phil Davis, Victoria Catlin, Elizabeth Shé, Ben Cole, William Shockley, Mark Siversten, Stephanie Faulkner, Mary Stavin, Clive Turner, Nigel Triffitt
THEMA LOUPS-GAROUS I SAGA HURLEMENTS
Construit sur un scénario de Freddie Rowe et Clive Turner, ce cinquième volet de la saga initiée par Joe Dante n’a aucun lien avec ses prédécesseurs. De fait, même si le générique indique que le film est « inspiré des romans The Howling I, II et III de Gary Brandner », il n’en adapte en réalité aucun et n’est relié aux précédents épisodes que par le titre. Le producteur Clive Turner en propose d’abord la réalisation à Cedric Sundstrom (American Warrior 3). Déjà engagé sur un autre projet, ce dernier décline l’offre et recommande son frère Neal, qui accepte avec l’espoir de mener enfin une production du début à la fin. Il avait en effet repris la réalisation de Space Mutiny en cours de route dans des conditions difficiles. Malheureusement, Hurlements 5 ne lui épargne pas les tensions, dans la mesure où des désaccords constants avec Turner viennent perturber le tournage. Pour réduire les coûts, la production s’installe en Europe de l’Est et engage une équipe technique locale. Résultat des courses : le directeur de la photographie, qui ne parle pas un mot d’anglais, est renvoyé dès le premier jour. Il est remplacé par Arledge Armenaki, qui, malgré une maîtrise encore hésitante de la langue, parvient à collaborer un peu plus efficacement avec Sundstrom. Autant dire que le film est enfanté dans la douleur.


Budapest, 1489. Dans un château battu par le vent et la neige, les corps ensanglantés s’empilent. Trois générations de nobles, domestiques compris, ont été anéanties. Les deux derniers survivants se sacrifient, persuadés d’avoir éradiqué le Mal. Mais un nourrisson a survécu au carnage. Cinq siècles plus tard, une poignée d’invités triés sur le volet se retrouvent dans un grand hôtel. Parmi eux : une star scandinave, un joueur de tennis, une actrice, un professeur, un photographe, un musicien célèbre, un médecin… Tous sont conviés par l’énigmatique comte Istvan Bezoli (Phil Davis) à la réouverture du fameux château abandonné depuis cinq cents ans. Construit au XIIe siècle, désert depuis le XVe, l’édifice semble intact, comme gelé dans le temps. Il se dresse au cœur d’une région marquée par les superstitions, la peur du diable et les récits de loups-garous. Tandis que les invités s’aventurent dans les lieux, quelqu’un – ou quelque chose – les attend dans l’obscurité en grognant…
Le loup-garou de l’ombre
Après une entrée en matière pataude où les personnages – tous très stéréotypés – se rencontrent et échangent de manière mécanique et artificielle, le film semble trouver son rythme de croisière en transportant ses protagonistes dans le château. Là, les discussions deviennent plus intéressantes, la mise en scène plus dynamique et fluide, les enjeux plus précis. Pour bâtir l’atmosphère de son film, Neal Sundström convoque tout l’arsenal gothique à sa disposition : bougies, passages secrets, armures, chandeliers… Ce classicisme déteint sur l’intrigue qui prend bien vite les allures d’un « whodunit » à mi-chemin entre un roman d’Agatha Christie et une partie de Cluedo. Le principe finit par beaucoup évoquer celui du Mystère de la bête humaine de Paul Annett, dans la mesure où le pitch est rigoureusement le même : lequel de ces convives réunis dans la vaste demeure est-il le loup-garou ? Conformément aux clichés d’usage, tout le monde passe son temps à chercher tout le monde dans les couloirs, chacun crie le prénom de l’autre pour le retrouver, tandis que les victimes s’accumulent sur un rythme régulier. Tout ça ne déborde donc pas de finesse, mais nous sommes tout de même très au-dessus des précédentes suites d’Hurlements, qui rivalisaient de bêtise, d’effets spéciaux grotesques et de retournements scénaristiques sans queue ni tête. Ici, l’intrigue se tient à peu près et le monstre reste sagement dans l’ombre. C’est d’ailleurs une frustration légitime, quand on se souvient des prodigieuses métamorphoses du film de Joe Dante. Mais Hurlements 5 évite au moins de sombrer dans le ridicule de ses prédécesseurs et nous offre une intéressante révélation finale.
© Gilles Penso
À découvrir dans le même genre…
Partagez cet article