LE MYSTÈRE DE LA BÊTE HUMAINE (1973)

Une demi-douzaine de convives réunis dans une vaste demeure cherche à deviner lequel d’entre eux est un loup-garou…

THE BEAST MUST DIE !

 

1974 – GB

 

Réalisé par Paul Annett

 

Avec Calvin Lockhart, Charles Gray, Michael Gambon, Peter Cushing, Anton Diffring, Marlene Clark, Ciaran Madden

 

THEMA LOUPS-GAROUS

Le prologue du Mystère de la bête humaine laisse un temps imaginer que nous avons affaire à une relecture du thème des Chasses du comte Zaroff. Un athlétique Afro-Américain (Calvin Lockhart) court en effet à perdre haleine, au milieu d’une forêt dense, tandis que des chasseurs embusqués le traquent sous la surveillance d’un hélicoptère et d’une dizaine de moniteurs vidéo. Mais ce n’est qu’un faux départ. Le « gibier humain » est en fait un chasseur millionnaire répondant au nom de Tom Newcliffe, et l’exercice auquel il se livrait visait à vérifier l’efficacité du système de sécurité de sa luxueuse propriété. Or notre homme vient d’inviter une demi-douzaine de personnalités dans un but un peu particulier : déterminer lequel d’entre eux est un loup-garou. Obsessionnel, Newcliffe a en effet réuni un certain nombre d’indices l’amenant à croire que l’un de ses convives se muera en monstre velu dès la prochaine pleine lune. Mais lequel ? La jolie Davina Gilmore (Cirana Madden) ? Le professeur expert en lycanthropie (Peter Cushing) ? Le diplomate en disgrâce (Charles Gray) ? L’artiste maudit (Tom Chadbon) ? Le concertiste (Michael Gambon) ? A moins que ce ne soit sa propre épouse (Marlene Clark) ?

Dès lors, le récit prend les allures d’un mixage contre-nature entre La Nuit du loup-garou et Dix petits nègres. L’aspect « cluedo » du film nous est d’ailleurs annoncé dès le pré-générique, au cours duquel une voix-off sentencieuse déclare : « Ce film est une enquête dans laquelle vous êtes le détective. La question n’est pas “qui est l’assassin ?” mais “qui est le loup-garou ?” Quand tous les indices vous auront été exposés, il vous sera demandé de formuler votre réponse. Saurez-vous alors qui est le loup-garou ? » Certes, le Mystère de la bête humaine n’est pas vraiment un film interactif, mais cette entrée en matière cultive inévitablement une certaine curiosité. D’ailleurs, lorsque le film s’achemine vers son dénouement, le récit s’interrompt le temps de laisser au spectateur la possibilité de déterminer qui, selon lui, est le coupable.

Dix petits lycanthropes

L’originalité de cette production Amicus s’arrête hélas ici, car le scénario se contente principalement de son argument à la Agatha Christie pour agencer des morceaux de suspense moyennement palpitants, malgré le charisme de la belle brochette de comédiens qui y sont réunis. Il faut dire que le réalisateur Paul Annett, surtout connu pour ses travaux de téléaste, assure le service minimum. Reconnaissons tout de même l’extrême dynamisme des scènes d’action mettant en scène le monstre, incarné par un véritable loup, et l’audace de cette séquence inédite au cours de laquelle il affronte un chien jusqu’à la mort. Outre les influences déjà citées, on note une forte imprégnation de la blaxploitation qui régnait alors sur les écrans, à travers la partition funky de Douglas Gamley (apparemment inspirée de celle de Shaft) et le rôle principal tenu par Calvin Lockhart. Cette réorientation du film fut d’ailleurs tardive, puisque le casting définitif ne fut établi qu’à la dernière minute, Robert Quarry (qui jouait le vampire vedette de Count Yorga) ayant initialement été contacté pour le rôle de Newcliffe.

 

© Gilles Penso


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