

Dans un village côtier, la panique se propage : les rumeurs parlent d’un fantôme qui attaque les nageurs et les tue en les brûlant…
THE PHANTOM FROM 10,000 LEAGUES
1955 – USA
Réalisé par Dan Milner
Avec Kent Taylor, Cathy Downs, Michael Whalen, Helene Stanton, Philip Pine, Rodney Bell, Vivi Janiss, Michael Garth, Pierce Lyden, Norma Hanspn
THEMA MONSTRES MARINS
Quand la petite compagnie American Releasing Company (ARC) se lance dans la production de films à budget très réduit, elle trouve rapidement une astuce pour maximiser ses profits : en produire deux en même temps et les sortir en double programme. C’est James H. Nicholson, cofondateur de la société, qui imagine le titre The Phantom from 10,000 Leagues (en référence évidente à The Beast from 20,000 Fathoms, alias Le Monstre des temps perdus), alors qu’il cherche un film capable d’accompagner Day the World Ended dans cette formule en tandem. Faute de moyens suffisants, Nicholson confie Phantom aux frères Dan et Jack Milner, monteurs désireux de faire leurs preuves dans la production de longs-métrages. Les coûts sont ainsi partagés entre ARC et les Milner. Les deux films sont réalisés pour moins de 100 000 dollars chacun – le type de micro-budget propre à de nombreuses séries B de science-fiction de l’époque, notamment celles produites par Roger Corman. Grâce à une campagne marketing habile orchestrée par Nicholson, le public se pressera pour découvrir ce double-programme. Quelques mois après leur sortie, les deux films engrangeront déjà 400 000 dollars de recettes. Une belle opération pour deux films aussi fauchés.


Un pêcheur est retrouvé mort sur la plage, le corps couvert d’étranges brûlures radioactives. L’affaire intrigue le biologiste Ted Baxter (Kent Taylor) et l’agent fédéral William Grant (Rodney Bell), qui décident d’enquêter. Très vite, ils découvrent qu’un monstre reptilien de taille humaine rôde sous les eaux. Après l’attaque mortelle de deux jeunes plongeurs, Ted et Grant plongent à leur tour et mettent au jour une roche brillante et radioactive gardée par la mystérieuse créature. Les indices mènent Ted jusqu’au laboratoire du Dr King (Michael Whalen), un biologiste marin dont les expériences de mutation ont donné naissance au monstre. Tandis que des espions étrangers convoitent ses découvertes et manigancent dans l’ombre pour se les approprier, Ted se rapproche de Lois (Cathy Downs), la fille du savant. Pendant ce temps, dans le village côtier, les rumeurs se propagent autour d’un fantôme incandescent qui hanterait l’océan…
« C’est la folie de l’homme ! »
Tourné sur les plages de Malibu et de Santa Monica, Le Monstre des profondeurs accuse une mise en scène fonctionnelle typique des séries B des années 50, malgré quelques tentatives intéressantes de jeux d’ombres et de regards héritées d’Alfred Hitchcock et du film noir. Très bavard, affublé de dialogues trop écrits et trop lyriques pour sonner juste (« Est-ce une créature de Dieu ? », « Non, c’est la folie de l’homme ! »), le film nous égaie – entre deux scènes de blabla et de déambulation sur la plage – en laissant surgir le monstre. Né suite à la soumission d’une tortue à des radiations, cette espèce de Godzilla à taille humaine arbore de gros yeux globuleux, des dents pointues et des épines sur la tête. C’est bien sûr l’attraction principale du film, même si le caractère comique de la bête n’était évidemment pas intentionnel. Ce mélange improbable de film de monstre, d’enquête policière et d’intrigue d’espionnage (agrémenté comme il se doit d’une romance entre le héros et la fille du savant) s’achève sur une tirade philosophique déclamée avec une gravité excessive par Kent Taylor : « La nature a de nombreux secrets que l’homme ne doit pas déranger. » Bref voilà un plaisir coupable pour les fans de « monster movies » à l’ancienne, bien plus prometteur sur son poster que dans ses bobines.
© Gilles Penso
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