

Un gamin solitaire hérite accidentellement d’une lampe magique abritant un génie sympathique mais très maladroit…
THE INCREDIBLE GENIE
1999 – USA
Réalisé par Alexander Cassini
Avec Matt Koruba, Stacie Randall, Biff Manard, George Miserlis, Amanda Fuller, Dean Scofield, Tom Fahn, Justin Brown, Eugen Cristea, Vasile Filipescu
THEMA MILLE ET UNE NUITS I MOMIES I SAGA CHARLES BAND
C’est en 1994 que le projet d’un film familial déclinant le motif de la lampe magique commence à se dessiner au sein de la compagnie Full Moon, sous un premier titre réduit à sa plus simple expression : Génie. Il ne sera tourné finalement qu’en 1997 pour le label Moonbeam et ne sera distribué en vidéo que deux ans plus tard. Car les productions de Charles Band, souvent bricolées avec les moyens du bord et conçues de manière fort précaire, sont rarement de « longs fleuves tranquilles ». Le concept de L’Incroyable Génie fait beaucoup penser au Aladdin de Sergio Corbucci, avec Bud Spencer dans le rôle de la sympathique créature enturbannée pourvoyeuse de vœux. La réalisation en est confiée à un nouveau venu dans l’écurie Charles Band, Alexander Cassini, dont la seule mise en scène jusqu’alors était le slasher Star Time, et dont la modeste carrière allait ensuite se poursuivre sur les petits écrans. Sans surprise, le style visuel du film se conforme à celui de la grande majorité des films Moonbeam, cumulant bon nombre de récurrences avec lesquelles les amateurs sont désormais habitués : le tournage se déroule en Roumanie, les seconds rôles sont assurés par des acteurs locaux doublés en anglais et un château médiéval sert de décor à plusieurs séquences.


L’intrigue démarre comme l’imitation bon marché d’un Indiana Jones. L’explorateur Peter Dopler (George Miserlis) et son guide Ali (Eugen Cristea) s’aventurent sur un site égyptien antique. Alors qu’une paroi s’effondre accidentellement, les voilà en présence d’une chambre secrète. Parmi les vestiges qu’ils découvrent (grâce à des « lunettes détectrices d’aura ») se trouve une vieille lampe. Aussitôt, une momie improbable surgit et attaque notre archéologue qui réussit à s’en défaire en agrippant ses bandages. Après avoir tourbillonné comme un personnage de dessin animé, la créature est réduite à l’état de squelette (via une animation en image de synthèse particulièrement grotesque). Voilà pour le prologue. Changement de décor : place à Simon Alexander (Matt Koruba), un adolescent de 13 ans amoureux de sa camarade Emily (Amanda Fuller). Quand elle marche, il la voit au ralenti avec ses cheveux qui volent. Mais si Simon est un enfant précoce et intelligent, il n’a pas vraiment d’amis. Même lorsqu’il achète un énorme pot de glace à la cantine de l’école pour en offrir à tout le monde, sa cote de popularité reste au plus bas. Pour son anniversaire, sa mère invite chez eux un magicien. Or ce dernier est l’archéologue de la séquence d’introduction, qui arrondit manifestement ses fins de mois avec des tours de passe-passe. Sauf que Simon comprend tous ses tours et les explique scientifiquement, au grand dam du prestidigitateur qui repart, vexé, en oubliant derrière lui la lampe qu’il a découverte en Égypte. Voilà comment Simon en hérite. Bien sûr, lorsqu’il la frotte, un génie vieux de 4000 ans (Tom Fahn) en sort. Petit problème : ses talents pour exaucer les vœux ont sérieusement besoin d’être perfectionnés…
L’attaque de l’homme-serpent
Le scénario, écrit visiblement à la va-vite par Michael Davis et Jamie McLaughlin, exploite fort mal ce potentiel pourtant prometteur. Car l’humour de L’Incroyable Génie est pataud, les gags lourdauds, les scènes de confrontation de la créature antique avec le monde moderne guère inspirées. Le film regorge pourtant d’idées insolites, pour ne pas dire bizarres : la mère de Simon qui s’habille comme dans les années 60, un laboratoire où se pratiquent des expériences très inquiétantes sur des cobayes humains, la matérialisation dans le salon du jeune héros de tous les personnages que le génie a vus à la télé (gangsters, boxeurs, danseurs, policiers, professeurs d’aérobic), la maison elle-même qui se transforme en château du moyen-âge… Les effets visuels, eux, font ce qu’ils peuvent avec le maigre budget alloué, malgré quelques tentatives intéressantes d’exploiter l’élasticité corporelle du génie pour le montrer se contorsionner façon The Mask. Quant au final, il bascule presque dans l’épouvante, puisque le grand méchant du film, un savant fou (Biff Manard), se transforme soudain en homme-serpent digne de Dreamscape, via une combinaison d’images de synthèse et de prothèses créées par Gabe Bartalos, le temps d’un climax surprenant, pour ne pas dire violent. Car malgré leur uniformisation souvent terne, les productions Moonbeam s’autorisent parfois des « écarts de route » parfaitement inattendus.
© Gilles Penso
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