ALADDIN (1986)

Bud Spencer incarne un génie blagueur et castagneur dans cette relecture moderne du célèbre conte oriental…

SUPERFANTAGENIO

 

1986 – ITALIE / USA

 

Réalisé par Sergio Corbucci

 

Avec Bud Spencer, Luca Venantini, Janet Agren, Umberto Raho, Diamy Spencer, Raffaele Mottola, Julian Voloshin, Tony Adams

 

THEMA MILLE ET UNE NUITS

Superstar internationale grâce à la vingtaine de comédies d’action dans lesquelles il tint la vedette aux côtés de Terence Hill, Bud Spencer (de son vrai nom Carlo Pedersoli) voit sa carrière infléchir à partir du milieu des années 80. En s’impliquant dans une version modernisée et burlesque des célèbres aventures d’Aladin et de sa lampe magique, il pense pouvoir se remettre en selle. Le scénario s’appuie sur une histoire imaginée par Dardano Sacchetti et Elisa Briganti (qui écrivirent ensemble dans un registre très différent L’Enfer des zombies, La Maison près du cimetière et Les Guerriers du Bronx). Porté par Menahem Golan et Yoram Globus, les légendaires producteurs de Cannon Films, Aladdin est réalisé par le stakhanoviste Bruno Corbucci, déjà signataire d’une bonne cinquantaine de longs-métrages. Corbucci ayant dirigé Bud Spencer à quatre reprises (avec Pair et impair, Banana Joe, Escroc macho et gigolo et Les Super Flics de Miami), l’acteur est en confiance. Il propose même à sa fille Diamy Spencer de jouer un rôle dans le film, celui de la petite-amie du jeune héros. Pour se donner des allures américaines, Aladdin est tourné à Miami et joué en anglais, même si la quasi-totalité de l’équipe est italienne. Car Golan et Globus visent gros et entendent bien inonder le marché international.

Luca Venantini incarne un garçon de quatorze ans nommé Albert Hadin (dont le diminutif est Al Hadin, pour ceux qui n’auraient pas saisi le clin d’œil). Pour arrondir ses fins de mois après l’école, Al travaille dans la boutique hétéroclite d’un brocanteur, « Tony Buys It ». Un jour, au milieu d’un tas de ferraille qu’a ramenée son employeur après une visite auprès des pêcheurs du coin, l’adolescent découvre une vieille lampe qu’il commence à nettoyer. Aussitôt apparaît Bud Spencer en fondu enchaîné, raide comme un piquet, le visage rond et barbu. C’est le génie de la lampe ! Al n’en croit pas ses yeux. Invisible aux yeux des autres humains, il est capable d’exaucer tous les vœux de son nouveau « maître ». Ainsi, contrairement à la formulation traditionnelle du fameux conte des mille et une nuits, il n’y a ici aucune limitation dans le nombre de vœux. Pour le jeune Al, c’est « open bar » ! En revanche, les pouvoirs magiques du génie s’évanouissent à la fin du jour pour ne réapparaître que le lendemain. « Je suis le contraire de Dracula, je ne travaille pas la nuit », explique-t-il. Nouveau meilleur ami du jeune héros, le génie va l’aider à assouvir tous ses désirs puis s’opposer à des kidnappeurs d’enfants et à des mafieux qui sévissent dans le quartier.

« Ce rêve Bud… »

La grande majorité des vœux qu’exauce « Bud le génie » dans le film sont d’une désarmante trivialité : transformer Al en champion de basket ou de ski nautique, lui donner un collier pour la fille qu’il veut séduire, lui permettre de tabasser un groupe de garçons qui le maltraitent, faire apparaître une Rolls Royce rouge capable de voler, muer des chiens méchants en petits chiots, métamorphoser les méchants en cafards ou en cochons… On sent bien que le scénario a été écrit par-dessus la jambe, laissant les saynètes amusantes s’enchaîner de manière erratique et sans réelle progression. Quelques cascades cartoonesques et une poignée d’effets spéciaux comiques maladroits (la voiture en apesanteur, la fuite en tapis volant) égaient le métrage. Le temps d’une séquence parfaitement gratuite, Bud Spencer se transforme même momentanément en policier, sans doute en référence au rôle récurrent de « super-flic » qu’il joua aux côtés de Terence Hill. Mais le massif acteur ne semble que modérément convaincu par toute cette affaire. Lorsque nous le voyons apparaître pour la première fois dans son accoutrement pseudo-oriental, déclarant « je suis le génie de la lampe, fais ton vœu » avec une voix traînante et un regard las, il semble presqu’embarrassé. Le comédien bientôt sexagénaire se traîne d’ailleurs pendant tout le film, comme en bout de course. Il castagne certes encore quelques méchants, mais visiblement le cœur n’y est plus trop. Sympathique mais parfaitement facultative, cette comédie fantastique anecdotique est à réserver en priorité aux amateurs inconditionnels de ce bon vieux Bud.

 

© Gilles Penso


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