

Jamie Lee Curtis et Lindsay Lohan incarnent une mère et sa fille dont les corps s’inversent à la faveur d’un sortilège…
FREAKY FRIDAY
2003 – USA
Réalisé par Mark Waters
Avec Jamie Lee Curtis, Lindsay Lohan, Mark Harmon, Harold Gould, Chad Michael Murray, Stephen Tobolowsky, Christina Vidal, Ryan Malgarini, Haley Hudson
THEMA SORCELLERIE ET MAGIE I FREAKY FRIDAY
C’est le producteur Andrew Gunn qui est à l’initiative de ce remake d’Un vendredi dingue dingue dingue. Au départ, le studio Disney n’est pas particulièrement enthousiaste, dans la mesure où une seconde adaptation du roman de Mary Rodgers a déjà été diffusée en 1995 sur Disney Channel (le téléfilm Un Vendredi de folie de Melanie Mayron). Il faut croire que Gunn sait être convaincant, car la production est lancée au début des années 2000. Pour autant, le casting n’est pas une partie de plaisir. Envisagée au départ dans le rôle de la mère, Jodie Foster préfère passer son tour, de peur que sa présence sous forme de clin d’œil au film original finisse par éclipser les qualités propres du remake. C’est finalement Annette Bening qui est sélectionnée, Tom Selleck acceptant dans la foulée d’incarner son futur second époux Ryan. Mais à une semaine à peine du début du tournage, Bening se désiste, entraînant aussi le départ de Selleck. Pris de cours, Andrew Gunn et le réalisateur Mark Waters se tournent alors vers Jamie Lee Curtis, sur la foi de son interprétation désopilante dans True Lies. Trouver la jeune actrice qui jouera sa fille n’est pas beaucoup plus facile. Michelle Trachtenberg est la favorite, jusqu’à ce que son engagement sur la série Buffy tueuse de vampires l’empêche de participer au film. Sa remplaçante Lindsay Lohan est presque sélectionnée à contrecœur. Quand on sait que le succès gigantesque de Freaky Friday repose en grande partie sur son casting, on se dit que les hasards et contretemps hollywoodiens tombent parfois très bien.


La société américaine ayant bien évolué depuis 1976, la cellule familiale du Freaky Friday original a entièrement été repensée pour mieux coller à l’époque de ce remake. La femme au foyer incarnée jadis par Barbara Harris est désormais une psychiatre hyperactive (Jamie Lee Curtis), son mari businessman a été remplacé par un petit-ami qu’incarne Mark Harmon (le scénario ayant décidé d’en faire une veuve sur le point de refaire sa vie), son fiston sage comme une image est maintenant un gamin extrêmement turbulent (Ryan Malgarini) et la fille adolescente populaire et adepte du ski nautique que jouait Jodie Foster s’est muée en marginale un peu grunge membre d’un groupe de rock amateur (Lindsay Lohan). À l’école, celle-ci doit faire face à des professeurs sévères, aux brimades de son ancienne meilleure amie et à son béguin pour Jake (Chad Michael Murray). Alors qu’elles dînent dans un restaurant chinois, la mère et la fille se disputent vivement, mais la vénérable propriétaire des lieux les interrompt en leur donnant des biscuits chinois. De part et d’autre de la porte d’une salle de bain, toutes deux lisent simultanément le message du fortune cookie à haute voix avant de ressentir un violent tremblement de terre. Le lendemain matin, elles se réveillent chacune dans le corps de l’autre…
La vie de ma mère
La première partie de Freaky Friday enfonce gentiment les portes ouvertes, dressant les portraits croisés stéréotypés de l’adolescente rebelle que personne ne comprend, de la working girl débordée qui jongle avec tous ses téléphones portables, du petit frère agaçant, du futur beau-père qui peine à trouver sa place dans l’équation et du grand-père attachant et excentrique. Mais dès que le sortilège opère, le film trouve son rythme de croisière et la mécanique s’emballe. Voir Jamie Lee Curtis regarder son visage dans le miroir d’un air horrifié (« Je suis vieille ! On dirait le Gardien de la Crypte ! ») donne tout de suite le ton. La star révélée par Halloween est hilarante dans le rôle de l’ado coincée dans un corps d’adulte. Mais Lindsay Lohan excelle tout autant en mère de famille obligée de revivre une vie de lycéenne. Et dire que Curtis et Lohan n’étaient que des plans B ! Difficile aujourd’hui d’imaginer d’autres actrices pour les remplacer. Contrairement à Un vendredi dingue dingue, le film de Mark Waters prend le parti de ne pas séparer les actions mettant en scène la mère et la fille et de les contraindre à partager un maximum de séquences ensemble, multipliant la possibilité de quiproquos et de situations comiques. Tout converge vers un climax vaudevillesque au cours duquel toutes deux doivent respectivement répéter un futur mariage et donner un concert dans un festival. Très gros succès public et critique, Freaky Friday motivera la mise en chantier d’autres films prolongeant la franchise.
© Gilles Penso
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