

L’héroïne du premier film est de retour dans cette suite, s’efforçant de panser ses blessures tout en réfrénant ses pulsions homicides…
I SPIT ON YOUR GRAVE 3 : VENGEANCE IS MINE
ANNEE – USA
Réalisé par Richard Schenkman
Avec Sarah Butler, Jennifer Landon, Doug McKeon, Garbriel Hogan, Harley Jane Kozak, Michelle Hurd, Russell Charles Pitts, Walter Perez, Karen Strassman
THEMA TUEURS I SAGA I SPIT ON YOUR GRAVE
Contrairement à I Spit on your Grave 2, qui déclinait les mêmes thèmes que le premier film sans présenter de lien narratif direct avec celui-ci, I Spit on your Grave 3 est la suite directe du film de 2010, lui-même remake du I Spit on your Grave de 1978. Nous retrouvons donc ici le personnage de Jennifer Hills, toujours incarnée par Sarah Butler, encore marquée – et on la comprend – par la violente agression dont elle fut victime et qui la mua en bourreau vengeur. Steven R. Monroe, qui avait réalisé les deux films précédents, cède cette fois-ci la place à Richard Schenkman (The Man From Earth, Abraham Lincoln tueur de zombies), qui signe cette suite sous le pseudonyme de R.D. Braunstein. Avec le scénariste Daniel Gilboy (co-producteur des deux films précédents), Schenkman tient cette fois-ci à explorer les conséquences à long terme du traumatisme de Jennifer, en montrant sa lutte pour retrouver une vie normale tout en étant hantée par son passé. Produit par CineTel Films et distribué par Anchor Bay Films, le film est tourné avec un budget très restreint. Ses résultats au box-office seront plus modestes que ceux de ses prédécesseurs, ce qui n’empêchera pas la mise en chantier d’un quatrième opus en 2019.


Plusieurs flash-backs furtifs nous permettent de revoir brièvement le calvaire enduré par Jennifer dans le premier film. De retour à la civilisation sous le nom d’Angela Jitrenka, la jeune femme tente difficilement d’effacer son traumatisme. Très méfiante envers les hommes, elle vivote grâce à un petit travail routinier dans un bureau et suit une thérapie. « La justice n’est pas une chose qu’on reçoit mais qu’on donne », dit-elle à sa psychologue, avant d’ajouter : « Le monde est empli de prédateurs et de proies. Vous êtes soit l’un, soit l’autre ». Généreuse en aphorismes de cet acabit, la jeune femme est devenue un être solitaire et misanthrope, trimballant dans son sac un taser – au cas où. Lorsqu’elle rejoint un groupe de parole pour victimes de viol, elle se lie d’amitié avec Marla (Jennifer Landon), une militante radicale qui prône une réponse musclée aux hommes irrespectueux. L’engrenage de la violence s’enclenche bientôt, et le sang ne va pas tarder à couler à nouveau…
L’ange de la vengeance
L’image de l’ange exterminateur est évoquée au détour d’une conversation liée au pseudonyme choisi par l’héroïne. Car Jitrenka signifie en tchèque « l’étoile du matin », expression à l’origine du nom de Lucifer, le « porteur de lumière ». La chute de Jennifer dans le premier film puis sa résurrection symboliseraient-elles donc la transformation d’un ange en démon ? Les visions qui frappent notre héroïne à intervalles réguliers, la montrant massacrer ceux qui la contrarient, tendent effectivement à prouver qu’un monstre sommeille toujours en elle. L’originalité de ce troisième épisode est de s’éloigner du schéma habituel du « rape and revenge » pour tenter un pas de côté. Il est certes toujours question de viol et de vengeance, mais l’intrigue n’obéit pas à la mécanique traditionnelle dictée par le film original de Meir Zarchi. Il eut de toute façon été vain de tenter de surenchérir sur I Spit on your Grave 2 qui poussait déjà très loin la visualisation d’abus physique et de violences faites aux femmes. Si les agressions sexuelles sont ici abordées de manière moins démonstrative (le film les évoque mais ne les montre pas), l’engrenage de l’auto-justice, lui, ne s’interdit aucun débordement douloureux et sanglant. Les multiples rebondissements du scénario sont efficaces et inattendus, même si l’on ne peut s’empêcher de penser – mais ce reproche est imputable à la « saga » tout entière – que le message féministe n’est qu’un prétexte pour s’adonner au « torture porn » et procurer aux amateurs d’hémoglobine leur lot de frissons.
© Gilles Penso
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