

Une jeune fille visuellement déficiente et son demi-frère adolescent, orphelins, sont recueillis par une ancienne assistante sociale au comportement bizarre…
BRING HER BACK
2025 – AUSTRALIE / USA
Réalisé par Danny et Michael Philippou
Avec Billy Barratt, Sally Hawkins, Sora Wong, Jonah Wren Philips, Sally-Anne Upton, Mischa Heywood, Kathryn Adams, Brian Godfrey, Brendan Bacon
THEMA SORCELLERIE ET MAGIE I DIABLE ET DÉMONS
Même s’il ne nous avait qu’à moitié convaincus, La Main avait démontré la volonté de ses coréalisateurs, Danny et Michael Philippou, de détourner les figures classiques du cinéma d’horreur pour proposer un récit singulier reposant principalement sur son atmosphère et la prestation de ses comédiens. Ce premier long-métrage fut un succès surprise, rapportant 100 millions de dollars au box-office mondial (pour un budget très modeste de 4,5 millions de dollars) et plaça immédiatement les deux frères sous le feu des projecteurs. La mise en production d’une suite de La Main s’amorça donc logiquement, mais avant de s’y atteler, les duettistes décidèrent de s’embarquer sur un autre projet, plus personnel. Ce projet, c’est Substitution, qu’ils commencent à développer en même temps que La Main, et qui s’inspire partiellement d’une expérience personnelle : la perte d’un enfant par une de leur cousine. Substitution aborde donc le sujet du deuil, scrutant la manière dont la douleur peut virer à l’obsession et à l’horreur. Pour les besoins du film, une maison d’Adelaide, en Australie, est spécialement aménagée pour l’occasion. Ce sera le théâtre principal du drame, jouxtant une piscine triangulaire entièrement rénovée pour correspondre à la vision des réalisateurs ainsi qu’un cabanon construit sur place pour les besoins du scénario.


Pour incarner Piper, la gamine presqu’aveugle qui jouera le rôle central du film, les Philippou lancent un appel à casting sur Facebook et jettent leur dévolu sur Sora Wong, une actrice débutante malvoyante qui effectue là ses premiers pas sur grand écran. Avec son demi-frère Andy (Billy Barratt), 17 ans, Piper découvre avec horreur que leur père malade est mort dans sa douche. Inséparables, très complices, les deux orphelins veulent rester ensemble et se retrouvent placés chez Laura (Sally Hawkins), une ancienne assistante sociale devenue elle-même famille d’accueil. Sous son toit vit également un jeune garçon muet et bizarre prénommé Oliver. Un brin excentrique, Laura a elle-même vécu un drame douloureux, puisque sa propre fille Cathy est morte par noyade accidentelle dans la piscine du jardin. Andy est troublé par le comportement de Laura, son favoritisme à l’égard de Piper et l’attitude étrange d’Oliver. Mais rien ne le prépare aux secrets inavouables qui se cachent dans cette maison…
Terreur aveugle
Suivant un schéma hérité de Rosemary’s Baby, la paranoïa s’installe progressivement à travers le regard d’Andy, seul personnage à pressentir qu’un mal insidieux se dissimule derrière les façades affables, et qui peine désespérément à en convaincre son entourage. Discrète mais d’une précision redoutable, la mise en scène des frères Philippou joue habilement sur les perceptions de la jeune héroïne, exploitant sa cécité pour nous la faire ressentir de l’intérieur, notamment à travers des reports de mise au point et des gros plans tactiles. Substitution s’approprie ainsi le motif classique de l’héroïne aveugle livrée à elle-même face à un danger invisible, à l’instar de Terreur aveugle ou Seule dans la nuit. L’horreur psychologique s’installe en douceur, pour mieux virer au cauchemar physique, les Philippou ne se privant pas d’images graphiques ni de séquences gore. Déclinant plusieurs thèmes clés du cinéma d’épouvante sans les exposer trop frontalement – la sorcellerie, la possession diabolique -, Substitution est un film d’autant plus inconfortable qu’il traite des sujets difficiles tels que la perte de l’être cher et la maltraitance infantile. Le film se révèle donc plus mature et plus exigeant que La Main, les deux œuvres étant liées par une série d’indices discrets laissant imaginer qu’elles se déroulent dans le même univers et abordent des phénomènes surnaturels voisins.
© Gilles Penso
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