AVATAR : DE FEU ET DE CENDRES (2025)

La famille de Jake Sully fait face à une nouvelle menace : une tribu barbare qui risque de faire basculer le destin des habitants de Pandora…

AVATAR : FIRE AND ASH

 

2025 – USA

 

Réalisé par James Cameron

 

Avec Sam Worthington, Zoe Saldaña, Sigourney Weaver, Stephen Lang, Kate Winslet, Jack Champion, Britain Dalton, Trinity Jo-Li Bliss, Oona Chaplin

 

THEMA EXTRA-TERRESTRE I SAGA AVATAR

La saga Avatar est un objet protéiforme dont James Cameron a pris soin de concevoir l’entièreté en se laissant toujours la possibilité d’interrompre le récit à mi-parcours en cas d’insuccès. Car malgré les apparences, le père d’Aliens et d’Abyss est loin d’être un artiste fou et obsessionnel. Si l’univers de Pandora le fascine au plus haut point et si la tentation d’en explorer toutes les facettes l’anime ardemment, il sait aussi qu’une telle franchise coûte trop cher pour se soumettre à ses seules envies. Son projet se décline donc en trois phases possibles : un seul film si le premier Avatar est un échec, une trilogie si le second ne remplit pas suffisamment les objectifs financiers, et une pentalogie dans le meilleur des cas. Or les triomphes des deux premiers volets lui auront permis de mener à bien son rêve et d’offrir à cette planète-monde inventée de toutes pièces un écrin titanesque à la hauteur de sa vision. Avatar se déclinera donc sous forme de cinq longs-métrages repoussant toutes les limites artistiques et techniques connues. A priori, ce troisième opus semble vouloir poursuivre une sorte de quête des quatre éléments – après la terre et l’eau, voici le feu. Mais comme toujours chez Cameron, les choses sont plus complexes qu’elles n’y paraissent. De fait, le sous-titre De feu et de cendres est à double sens. Il évoque d’abord les ravages incandescents provoqués par la nouvelle tribu mise en scène dans le film, mais fonctionne aussi sur un plan symbolique. « Si vous considérez le feu comme la haine, la colère et la violence, alors les cendres en sont les conséquences », explique Cameron. « Et quelles sont les conséquences ? Le chagrin et la perte. Et qu’est-ce que cela provoque ? Plus de violence, plus de colère et plus de haine. C’est un cercle vicieux. Voilà le raisonnement. » (1)

En réalité, Avatar : La voie de l’eau et Avatar : De feu et de cendres s’appréhendent comme les deux facettes d’une seule aventure épique, dans la mesure où une grande partie des enjeux laissés en suspens dans le film précédent trouvent ici leur résolution, ou du moins leur développement. Certains pourraient craindre un effet de déjà vu, mais cela reviendrait à dire que Terminator 2 ressemble trop à Terminator. Non content de reprendre exactement les personnages de La voie de l’eau là où nous les avions laissés, De feu et de cendres réorganise leurs arcs émotionnels respectifs de manière inattendue et prend une ampleur vertigineuse. Les séquences d’action monumentales abondent donc et parviennent encore à surprendre et à surpasser tout ce que nous avions déjà vu dans les chapitres précédents. Les hostilités sont lancées très tôt avec l’attaque de la somptueuse caravane volante des marchands du vent (sublime vision de pure fantasy) par les Mangkwan, un clan de damnés retournés à la barbarie et prêts à sacrifier toutes les vies pour satisfaire leurs besoins primaires. Ce premier morceau de bravoure d’une sauvagerie et d’une intensité époustouflantes réoriente soudain le récit et influe sur le destin de la famille de Jake Sully. Dès lors, l’intrigue n’en finit plus de rebondir et les nœuds dramatiques se redéfinissent, laissant souvent imaginer le pire pour nos protagonistes, devenus gibiers d’une traque impitoyable dans une nature hostile.

Le règne du feu

Entre deux scènes mouvementées (et le film n’en manque pas, c’est le moins qu’on puisse dire !), Avatar : De feu et de cendres n’hésite pas à explorer les penchants les plus sombres de ses personnages. Ici, la cellule familiale est plus que jamais menacée, d’autant que les dangers viennent aussi de l’intérieur. Trouver sa place, garder l’équilibre, survivre à tout prix sont autant de sujets de tension qui peuvent conduire vers des pensées et des prises de position d’une noirceur déconcertante. Le scénario co-écrit par Cameron, Rick Jaffa et Amanda Silver brise ainsi volontairement tout manichéisme trop tranché, non seulement du côté des héros mais aussi chez leurs ennemis. Les Mangkwan nous prouvent ainsi qu’il existe aussi des Na’vis maléfiques, brutaux, déconnectés de la nature, dominés par la redoutable Varang (Oona Chaplin), sans conteste l’une des figures les plus mémorables de ce troisième volet. Le colonel Quaritch, lui, se révèle plus ambigu que jamais, partagé entre son impitoyable quête militaro-colonialiste et ses sentiments paternels refoulés. Même la faune est à double tranchant, comme nous le prouvent notamment ces monstrueux céphalopodes aux allures de pieuvres géantes carnassières. L’épopée Avatar achève ainsi son premier cycle avec flamboyance, cet opus refermant de nombreuses portes tout en laissant la voie ouverte vers les deux autres épisodes dont Cameron a d’ores et déjà lancé les préparatifs. Avatar : De feu et de cendres est dédié à la mémoire du producteur John Landau, fidèle collaborateur du réalisateur, décédé en juillet 2024.

 

(1) Extrait d’une interview publiée dans Entertainment Weekly en août 2024.

 

© Gilles Penso

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