ALIENS, LE RETOUR (1986)

James Cameron ose réaliser la suite d'un classique jugé insurpassable et signe l'un des épisodes les plus appréciés de la saga Alien

ALIENS

1986 – USA

Réalisé par James Cameron

Avec Sigourney Weaver, Michael Biehn, Paul Reiser, Lance Henriksen, Carrie Henn, Bill Paxton, William Hope

THEMA EXTRA-TERRESTRES I FUTUR I SAGA ALIEN

Donner une suite à Alien, le défi était de taille. Après un inepte Piranhas 2 et un Terminator très maîtrisé, James Cameron réussit son challenge avec brio. Non seulement son scénario possède toute la cohérence nécessaire à la jonction entre les deux films, mais de plus sa mise en scène très élaborée offre un rythme et un style complètement indépendants de ceux de Ridley Scott. Plutôt qu’imiter son inimitable prédécesseur, Cameron a injecté dans son film ses propres tendances : action musclée non-stop, affrontements spectaculaires, haute technologie banalisée, photographie privilégiant le noir et le bleu, effets spéciaux spectaculaires et réalistes. Seule rescapée du « Nostromo », Ellen Ripley est de retour sur terre plusieurs décennies après son départ. Les gens qu’elle aimait sont tous morts, et elle ne rencontre qu’incrédulité autour d’elle. Considérée comme perturbée mentalement, elle se recycle dans un épuisant travail de manutention. Entre-temps, sur la planète qu’avait explorée le « Nostromo », une colonie humaine s’est installée, pour bientôt se faire massacrer par une race extra-terrestre inconnue. Une expédition de marines, à laquelle se joint Ripley, y est envoyée.

Et Cameron, grand perfectionniste devant l’éternel, de demander expressément aux comédiens interprétant les soldats de subir une formation intensive auprès des services spéciaux britanniques deux semaines avant le tournage. Seul Michael Biehn, héros de Terminator, fut exempté d’un tel exercice, dans la mesure où il remplaça à la dernière minute l’acteur James Remar dans le rôle de Hicks. Si certaines scènes semblent caricaturer jusqu’à la parodie les films de guerre mettant en vedette les « marines » (avec force « oui sergent » dans le dialogue) et la saga Rambo (dont Cameron a écrit le scénario du second épisode, rappelons-le), l’œuvre n’est pas exempte de subtilités et d’émotion, bien au contraire. Le personnage de Ripley, en particulier, a gagné énormément en teneur et en complexité. Mère frustré, guerrière malgré elle, femme transportée dans une époque qui n’est pas la sienne, elle bénéficie du jeu plein de justesse d’une Sigourney Weaver des plus convaincantes. Lorsqu’elle apprend le décès de sa fille, au début du film (dans la version longue du film, que l’on peut préférer au montage standard sorti initialement en salles), ou lorsque plus tard elle développe son instinct maternel auprès de l’orpheline Newt, Cameron démontre ses capacités à manier l’intimisme et la pudeur avec autant de talent que l’action et les effets spéciaux, lesquels, plus que des fins en soi, constituent ici les moyens les plus efficaces de véhiculer le discours d’un cinéaste hors pair ici au sommet de son art.

« Ridley qui ? »

« Sur le tournage d’Aliens, tout le monde ne jurait que par Ridley Scott », se souvient Sigourney Weaver, « et l’équipe n’avait que peu de considération pour ce jeune James Cameron qui essayait, en vain, de leur montrer son Terminator pour qu’ils connaissent ses travaux précédents. Il lui a fallu de la patience et de l’endurance pour convaincre tout le monde. Tant et si bien qu’à la fin du tournage, le ton avait changé, et ceux qui adulaient le premier film étaient du genre à dire désormais : “Ridley qui ?“. » (1) L’enrichissement de la mythologie Alien est à ce point important que de nombreux fans de la saga marqueront une nette préférence pour cet épisode, sans renier pour autant à celui de Ridley Scott son statut de classique. Il faut dire que l’affrontement entre les marines et les aliens, les agressions des face-huggers et l’affrontement final entre Ripley, harnachée dans un impressionnant exo-squelette, et la reine des aliens, une monstruosité génialement conçue par Stan Winston, sont de véritables morceaux d’anthologie.


(1) Propos recueillis par votre serviteur en décembre 2009

 

© Gilles Penso

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